Je m’appelle Jean-Marie. Je ne sais pas si vous connaissez l’histoire de ce père qui a deux fils. Et puis, un des deux fils choisit de quitter son père et son frère, de prendre sa part d’héritage et de vivre sa vie, indépendamment de ce qu’il a pu apprendre ou comprendre, qui va donc l’emmener sur des chemins écartés, des travers. Ça, c’est l’histoire du Fils Prodigue, mais c’est aussi mon histoire.
Donc, dans ma famille, j’ai envie de dire que, jusqu’à ce que je démarre des études après le bac, tout va bien. On prie aussi beaucoup la Sainte Vierge. On pourrait dire qu’on est bénis. Et, après tout, j’ai peut-être dû vivre quelques épreuves mais, fondamentalement, mais pas celle qui va m’arriver après. En Terminale, j’ai ce souvenir qu’avec des camarades, on essayait de prier pour une amie qui était moins forte, justement. Et on avait peur qu’elle n’ait pas son bac.
Et donc, c’est déjà le départ de mes parents à l’étranger et moi, trop content de me retrouver indépendant et autonome chez moi, dans mon studio étudiant qui a commencé à me faire prendre des petits choix. Mais c’est des choix qui m’écartent un peu, déjà, de ce que je connais, ma vie d’avant. Et au final, ces travers, c’est une addiction. Et après, on est prisonnier, justement, malheureusement, de tout ce qu’on a choisi de faire et c’est, comment maintenant se sortir de tout ça ? Dieu, dans ma vie, est toujours présent, j’imagine, mais moi, finalement, j’ai choisi, manifestement, de le laisser de côté. Ça ne m’empêche pas d’y penser de temps en temps, même, pourquoi pas, de retourner un coup à la messe. Mais au final, je suis tellement aveuglé : même moi, je ne me rends même pas compte, forcément, de ce qui m’arrive. J’ai conscience de mes travers, j’ai conscience de mon addiction, mais j’arrive pas à m’en défaire de moi-même. Et c’est une éternelle rechute. Et cette addiction, pour le coup, me fait perdre tous mes repères, mais à tel point qu’à un moment, on se sent prisonnier, englué là-dedans. Et on ne sait plus s’en défaire.
Dans les années 1997, mes parents qui me connaissaient, (entre temps, c’est moi qui suis parti à l’étranger), viennent me voir sur mon lieu professionnel. Et ma mère comprend quand même que, dans ma vie, il y a quelque chose qui ne va pas.
Et ma mère m’a offert un livre qu’elle avait reçu en 1958 comme premier prix de catéchisme. La lecture de ce livre m’a bouleversé par rapport à tout ce qui pouvait être expliqué, tout ce qui était dit, vécu par des personnes comme moi qui, au final… Je me rendais compte qu’un, je n’étais pas tout seul, ça pouvait arriver à d’autres personnes. Mais qu’à chaque fois, alors que là, on a le sentiment d’être tout seul dans notre ornière, non, Dieu est à côté de nous et Il n’attend qu’une chose : que, justement, on lui demande cette aide, Il nous tend la main, et qu’on saisisse la main. C’est même pas à nous de la tendre, Il nous la tend. Et vraiment, c’était : « Qu’attends-tu ? Je suis là ! Mais viens vers moi ! »
Ça m’a conduit à Pâques 1998 où j’ai été, du coup, chez eux, passer quelques vacances, vacances de Pâques. Mes parents m’emmènent à une adoration. Donc, on va prier Jésus, en fait, Il est là. Et, en rentrant dans l’église, j’ai pas vraiment eu le temps d’avancer que je me suis effondré en larmes, à un tel point que j’en avais honte et que j’ai été me cacher derrière un pilier. Ma mère, elle m’a invité peut-être, justement, à aller me retrouver dans le calme, dans une retraite, plusieurs jours : c’était fait pour des jeunes, 18/35 ans, je me souviens à l’époque.
J’ai eu ce besoin d’aller me confesser. Le, prêtre m’a donné une parole, d’aller lire dans la Bible, un évangile de saint Jean, chapitre 15. Et je suis, ensuite, reparti à l’église, repleurer encore un bon coup. Le lendemain, j’ai voulu absolument revoir ce prêtre. Et je lui dis : « Mon père, je suis le Fils Prodigue ! Je viens seulement de comprendre, aujourd’hui, à quel point je m’étais détourné de Dieu ! » Si on prend vraiment tout ce qui est arrivé au Christ, quand Il était à Jérusalem pendant sa Passion : je l’ai renié, je l’ai abandonné, je l’ai cloué sur la croix, je l’ai flagellé, je l’ai couronné d’épines… Seigneur, dans tout ce que tu as porté, une part pour chaque chose, il n’y a pas à en douter.
Mais là, j’ai découvert ce jour-là, que le Bon Dieu attendait simplement que je revienne vers Lui. Quand on dit que le Bon Dieu donne au centuple, mais… c’est même hors notre imagination, eh bien, pendant cette retraite de 1999, j’ai fait la connaissance d’une jeune fille, que je ne connaissais pas. Et, en partageant avec cette personne, j’ai pu lui témoigner, moi, tout ce que j’avais vécu, car elle-même, avait, ou vivait, justement, une situation similaire. J’ai été amené à la revoir après. Et cette personne, ensuite, est devenue mon épouse.
Et aujourd’hui, je rends grâce à Dieu pour cet amour qui est là, pour moi, pour tous et puis… d’avoir été me récupérer, comme ce Fils Prodigue dans l’Évangile : moi aussi, j’ai pris ma part d’héritage. J’ai choisi de mener ma vie. Mais le Seigneur ne m’a jamais abandonné !