Je m’appelle Carolina. J’ai 37 ans et je viens de Toulouse. Et donc, je vais vous parler de ma rencontre avec Jésus.
Alors, moi, j’ai la maladie des os de verre et donc, à cause de cette maladie qui est de naissance, j’ai été envoyée, à l’âge de 3 ans, dans des centres de rééducation, au sein desquels j’ai rencontré beaucoup d’amis. Et, notamment, j’avais des amis croyants, principalement musulmans. Donc, j’ai grandi avec eux et la question de Dieu a toujours été un peu dans notre quotidien.
Et, à l’âge de 10 ans, j’ai eu envie de prier puisqu’eux, ils priaient. Donc, moi aussi, j’ai eu envie d’apprendre à prier. Mais je voulais apprendre à prier dans ma langue, c’est-à-dire le français. Et c’est ainsi que je suis entrée au catéchisme. Ensuite, on m’a appris, au caté, deux prières qui sont le Notre Père et le Je vous salue Marie. Et j’ai trouvé que c’était un peu minime. Donc… Parce que moi, j’avais plein de choses à dire à Dieu et que ça, c’était trop peu. Donc, j’ai fait le parcours jusqu’au bout, c’est-à-dire que j’ai fait le baptême et la première communion. Mais je n’ai pas persévéré dans la foi : vraiment, je priais Dieu, essentiellement quand j’avais un problème. Et malgré tout, je trouvais qu’Il était toujours à mon écoute alors que je pensais qu’à un moment donné, Il m’aurait dit : « C’est bon ! »
À partir de 27 ans, il y a eu l’invention de l’iPhone et de la synthèse vocale qui m’a donnée accès aux livres, puisque je suis malvoyante et, avec la synthèse vocale, je pouvais avoir accès à des livres très facilement. Donc, j’ai pu commencer à faire une recherche. Parce que je voyais plein d’amis qui avaient l’air heureux parce qu’ils avaient trouvé leur lieu, c’est-à-dire leur Église ou leur religion : des conversions aussi à l’Islam… Donc moi aussi, je me suis dit : « J’aimerais bien trouver mon lieu, mon Église, mon Dieu… savoir où est la vérité. C’est une recherche de vérité.
Donc j’ai commencé à lire, d’abord le Coran puisque c’était ce qui était le plus près de moi, des musulmans priants. Et là, j’ai lu l’Ancien Testament, pensant un peu dans ma tête que c’étaient les juifs parce que c’est l’idée qu’on en a quand on n’est pas formé. Et là, je l’ai très mal compris : il y avait des guerres, etc. Et moi, je me suis dit : « Le Seigneur ne peut pas vouloir des choses pareilles. » Et donc, en désespoir de cause, je me suis dit : « Je vais lire le Nouveau Testament », c’est-à-dire ce qui correspond à la vie de Jésus, les Évangiles, en langage catho. Et là, quand j’ai lu les Évangiles, c’est-à-dire le premier, j’ai commencé par la page un, en fait, j’étais d’accord avec ce qui disait Jésus : « Quand tu pries, tu n’as pas besoin de faire sonner la trompette devant toi. Va dans la pièce la plus reculée, ferme la porte derrière toi et prie ton Père qui est là, dans le secret. Parce que ton Père qui est là dans le secret, sait ce dont tu as besoin. »
Et ça, c’est une réalité que je vivais déjà puisque moi, je priais dans ma chambre et je parlais à Dieu normalement. Je lui disais : « J’ai un examen demain. S’il te plaît aide-moi par ce que j’ai pas révisé. » Alors là, quand j’ai découvert ça + le discours sur la montagne où Jésus fait une promesse de vie heureuse pour les pauvres, pour les tristes, etc., ce qu’on appelle les « Béatitudes », là je me suis dit, en fait : « Là, je suis d’accord avec Lui. »
Et là, ça a été un sérieux problème parce que j’avais vraiment pas envie d’être catho. Mais je lui ai dit : « Bon, si c’est vraiment toi qui es Dieu, montre-moi : je veux bien, mais montre-moi ! » Et donc, au fur et à mesure, au fil des mois…Il m’a montré, je ne sais plus exactement comment mais, petit à petit, j’ai appris à Lui faire confiance.
Et donc, à partir de là, j’ai commencé à aller à la messe et j’ai rencontré un prêtre qui est aussi un religieux. Et là, je lui ai posé une question du style : « En fait, vous les cathos, vous croyez en quoi ? » Donc, il a pris le temps, il a pris un rendez-vous où il m’a expliqué un petit peu les fondements de la foi catholique. Et je trouvais qu’intellectuellement c’était cohérent. Mais il a fallu que j’aille parler à d’autres prêtres, d’autres milieux, d’autres spiritualités dans l’Église parce que je me suis dit… J’avais une peur panique de tomber dans une secte ou dans quelque chose où on me fasse un lavage de cerveau. Donc, je suis allé à pas mal de prêtres différents, même dans des villes différentes, pour être sûre que le fond était bien cohérent.
Une fois que j’ai été sûre de ça, j’ai demandé ma confirmation que j’ai reçue en 2014 : un sacrement de l’initiation chrétienne. J’ai découvert que Jésus pouvait être mon ami. Et ça, c’était quelque chose qui était vraiment très important pour moi puisque j’ai grandi loin de ma famille, j’ai grandi avec des amis essentiellement. Et donc, que Jésus puisse être mon ami avec qui je pouvais discuter normalement parce qu’Il était Dieu et homme, ça a été mon ami et je me suis sentie beaucoup moins seule.
Après, au fur et à mesure dans la prière, j’ai vécu quelque chose qui m’a fondé sur la conscience, très, très forte que, malgré mon corps différent, mon handicap, Dieu m’avait voulu, en fait, ainsi ; et que j’étais belle à ses yeux et que ce n’était pas une erreur, le fait d’être handicapée, c’est pas une croix : c’est ce que je suis. Et ça m’a donné une force terrible que j’ai toujours aujourd’hui, dix ans plus tard, même si la vie de prière est moins facile aujourd’hui, parce que voilà… on a des combats comme tout le monde. Il n’empêche que ça, ma dignité de femme et de personne humaine aux yeux de Dieu, elle a été fondée à partir de là.
Moi, je voudrais dire aux personnes qui sont un peu révoltées contre Dieu : « N’ayez pas peur de votre colère. Dîtes-lui ! Moi, quand ça ne va pas, je Lui dis clairement. Mais, dîtes-Lui en laissant votre cœur ouvert, c’est-à-dire en Lui laissant la possibilité de venir vous rejoindre. » Si on dit qu’on est en colère mais qu’on n’est pas, qu’on ne veut pas entendre ce qu’Il a à nous dire, Il écoutera mais Il ne forcera pas la porte.
Et puis la deuxième chose, c’est : « Ouvrez un livre, ouvrez la Parole de Dieu et allez voir, par exemple, des prêtres ou d’autres croyants pour leur demander… N’hésitez pas à leur poser des questions : c’est pas un péché d’être intelligent ! Et donc, par la formation intellectuelle aussi, ça peut passer. Et puis la confiance : faîtes-Lui confiance. Il vous aime. Vous avez un prix incroyable à ses yeux. » C’est vraiment ce que j’ai vécu : à quel point, me semble-t-il, le Seigneur est triste quand quelqu’un ne s’aime pas, notamment dans son corps. Et moi-même, j’en suis très triste, du coup. Donc voilà : confiance !