Je suis la dernière d’une famille de cinq enfants et je suis née bien après mes frères et sœurs. Du coup, mes parents avaient, environ 45 ans quand je suis née. Et donc, vers mes 10 ans, j’ai réalisé d’un coup, qu’ils étaient vraiment plus âgés que la moyenne, que les parents de mes amis. Et, en réfléchissant, moi, je me suis dit, entre mes 0 et 10 ans, j’ai changé à ce point-là, je me suis développée à ce point-là. Et j’ai appliqué ça à mes parents entre mes 10 ans et mes 20 ans. Je me suis dit : « À ce rythme-là, quand j’aurai mes 20 ans, ils ne seront plus dans le circuit. »
Et là, du coup ça+ mon côté hyper sensible, j’ai développé une angoisse qui s’est développée après, en crise d’angoisse. J’avais extrêmement peur qu’ils meurent trop vite. Et donc, passer une nuit hors de la maison, ça déclenchait forcément une crise d’angoisse. Ça a duré pendant toute mon adolescence. Et en fait, en en parlant avec les parents, très vite, j’ai pris la décision de passer outre et de me forcer quand même à partir. Parce que je me disais : « Sinon, je vais me retrouver coincée. Je ne ferai rien de ma vie. Je ne serai plus capable de dépasser ça et ça va être la fin des haricots. »
Donc, je me force à chaque fois. Et puis je connaissais Dieu. J’avais une vie avec Lui. On se parlait… Et, du coup, je préparais une retraite avec une amie, que je devais faire, une retraite chrétienne, en seconde ou en première. Et là, la crise d’angoisse, elle commence trois jours avant. Et là, je me dis : « Ça ne va pas être possible : tenir trois jours comme ça, ça ne va pas être possible. » Le truc en plus, et ça je l’ai réalisé après quand j’ai vu quelqu’un d’autre faire une crise d’angoisse devant moi, c’est hyper solitaire parce que moi, j’avais l’impression d’étouffer physiquement. Pour moi, c’était certain que j’allais mourir. Mais en même temps, quand on est à l’extérieur, on voit bien qu’il n’y a pas de raison physique que la personne s’étouffe. Donc, on voit bien que c’est difficile mais, en réalité, on relativise : ça va passer. Forcément ça va passer. Et ça, du coup, on en est hyper conscient quand on vit la crise d’angoisse, on est hyper conscient qu’on est vraiment seul : on est seul à sentir à quel point c’est dur.
Donc je vis la crise et je me dis : « Trois jours seule comme ça, à traverser ça, ça ne va pas le faire. » Et là, je suis montée dans ma chambre et j’ai crié vers Dieu. Je l’ai engueulé… Mais ça a duré longtemps. Je l’ai détesté : je lui ai sorti tout ce que je lui reprochais. Je lui ai beaucoup demandé pourquoi je vivais ça. En plus j’avais déjà l’expérience qu’Il m’avait aidé pour plusieurs autres choses. Donc j’étais là : « Tu as déjà agi dans ma vie. Donc fais quelque chose. Là c’est trop pour moi. »
Et, à ce moment-là, j’ai vu avec mon cœur, qu’Il était présent dans la pièce, mais à l’autre bout de la pièce. Il était debout et Il me regardait. Et ce qui m’a marqué, ce qui m’a vraiment coupé le sifflet, c’est qu’Il était timide et qu’il n’osait pas s’approcher. Et ça franchement, je ne m’y attendais pas : je m’attendais à ce qu’Il ait plein de raisons ou alors à ce qu’Il m’écrase un peu de sa puissance ou… Mais ça, qu’il soit timide, c’était pas prévu du tout.
Du coup, dans mon cœur, je lui ai dit qu’Il pouvait s’approcher. Et en fait après, dans ce temps qu’on a passé ensemble, je me suis souvenu de plusieurs choses qu’on m’avait dites avant : d’abord qu’une mère préférait être malade plutôt que son enfant et que Dieu nous aimait plus qu’une mère et que Dieu était tout puissant. Et si je mettais tous les trois ensemble, Dieu m’aimait plus que ma mère. Donc, vraiment, Il ne voulait pas que je vive ça : Il pouvait m’en libérer, mais Il ne le faisait pas.
Et donc, c’était un vrai mystère et je me suis dit : je vais arrêter de me demander pourquoi, en fait. Tant pis. Et par contre, là, ce que j’ai, ce qui m’a marqué c’est qu’avant Dieu était là dans les moments où ça se passait bien. Je voulais apparaître de façon parfaite devant Lui. Et donc, Il n’existait pas quand ça n’allait pas. Et là, pour moi, sa Passion est devenue concrète pour moi : j’ai compris que cette angoisse-là, c’était comme un clou qui me transperçait et qu’Il avait porté, qu’Il avait vécu et qu’Il vivait encore. Et ça, ça nous a soudés d’une façon beaucoup plus sincère et complète qu’avant.
C’est ce qui fait qu’aujourd’hui Il est là tout le temps. Je me sens honnête face à Lui, que je peux l’engueuler quand Il me soûle, que je peux juste aussi me laisser aimer quand j’ai rien à Lui dire, que j’ai pas la foi de chercher une prière construite ou autre.
Alors après, Il ne m’a pas libéré comme ça d’un claquement de doigts : ça a été long et, au début j’ai cru qu’Il n’avait eu aucune part dans ma libération. Il y a eu encore des moments difficiles. Et j’ai rencontré les bonnes personnes, je me suis accrochée et puis, maintenant c’est bon. Mais en fait, ce que j’ai compris après, avec le recul, c’est qu’Il aurait pu me faire aller… Moi, pour moi, j’étais bloquée chez moi et je voulais aller sur la plage. Il aurait pu me faire aller de chez moi à la plage d’un simple coup de baguette magique. Et en fait, il a préféré me donner un vélo : et c’est les personnes que j’ai rencontrées. Et Il m’a appris à faire du vélo. Et je ne regrette pas : c’était difficile mais ça m’a appris à être persévérante et à Lui faire confiance. J’ai commencé à Lui faire confiance avec ça. Et ça m’a rendu libre, vraiment.