Bonjour, je m’appelle Yves et je suis dessinateur humoriste. Donc c’est comme ça qu’on me connaît, à travers mes dessins qu’on peut retrouver dans la presse, dans la publicité aussi, la communication d’entreprise, partout où on peut mettre de l’humour.
J’ai fait une école de commerce, au départ parce que je ne savais vraiment pas quoi faire dans l’existence : je dessinais beaucoup et c’est comme ça que, petit à petit, j’ai laissé tomber le commerce pour ne me consacrer qu’au dessin.
Et puis, j’ai eu une crise existentielle assez forte, une dépression carabinée qui m’a conduit aux portes du suicide parce que je ne voyais plus que cette solution pour sortir des souffrances que m’apportait la vie. Pour moi, l’autre était un ennemi, systématiquement. Je me suis pris plein de gamelles. Du coup, c’était devenu une évidence terrible, c’était que la vie n’était que souffrance. Au début, c’était : la vie n’a pas de sens. Donc, autant rigoler. M’est arrivé à un moment où je n’arrivais même plus à rigoler : j’arrivais quand même à faire de l’humour dans mes dessins, mais j’en riais plus. Et je me suis retrouvé assez isolé : je n’avais plus d’amis. J’étais complètement coupé de ma famille.
Et au pire moment, j’ai découvert que mon maître dans mes dessins qui s’appelle Chaval, qui est un super dessinateur, s’était suicidé. Et, pour moi, c’était la confirmation de mon destin. Et, quand c’est devenu si clair…ce qui m’arrêtait, c’était de ne pas faire souffrir mes parents. Dans un dernier sursaut, j’avais découvert une église assez intéressante à Paris, qui n’était pas très loin de chez moi : j’étais dans le Marais, rue Charles V. Donc, il y avait une communauté de moines et de moniales assez jeune, très dynamique, avec une très belle liturgie qui emportait l’âme vers le Haut. Et là, je ressentais une certaine paix. Donc, je venais très souvent dans cet endroit.
Jusqu’au jour, c’était un 1er de l’An, en fait, c’était pendant le réveillon, j’étais venu dans cette église. J’entendais tous les gens faire la fête dehors. Et pour moi, je me disais : « C’est fini ce genre d’expérience. Je ne pourrais plus jamais vivre ça avec qui que ce soit. » C’était une époque où même aller acheter du pain dans une boulangerie était une souffrance pour moi. Et là, pour la première fois, j’ai eu une inspiration : c’était de crier vers Dieu, ce Dieu qui me paraissait inaccessible, lointain, qu’on rencontrait, peut-être, à la fin de sa vie si on avait suivi un certain parcours initiatique…bref, un truc un peu tarabiscoté.
Et là, je Lui ai crié de toutes mes tripes : « Si tu peux faire quelque chose dans la vie d’un individu, Tu interviens dans la mienne parce que, moi, je rends mon tablier. » Et, j’ai bien fait d’avoir ce réflexe parce que, quelques jours après, je suis revenu au même endroit. Dans cet endroit, il y avait des moines et des moniales qui priaient. Et j’ai prié avec eux. Et là j’ai senti ce qu’on appelle chez les cathos, la « Présence Réelle ». Et en fait, j’ai senti la présence du Christ. Les mots sont trop, trop limités pour pouvoir expliquer ce que j’ai ressenti, mais l’effet c’est que je suis tombé par terre en pleurant, mais des larmes de joie. Parce que je ressentais une puissance d’amour incroyable avec un regard de miséricorde, une espèce de clairvoyance sur toutes mes « conneries », toutes mes déviations, mais en même temps, regard de pardon, d’amour.
Et, quand je suis sorti de là, j’étais prêt à donner ma vie à ce Dieu qui avait répondu à ma prière. Et j’étais prêt à devenir moine, prêtre…ce qu’Il voulait. C’était pas son plan parce que, dans le même endroit, j’ai rencontré, peu de temps après, Ligia, qui a éclairé ma vocation de moine et de prêtre, c’est-à-dire que j’ai tiré un trait. Et on s’est mariés six mois après.
Donc ensemble, quand on s’est mariés, on a fait ce même engagement devant Dieu. On Lui a dit : « On a bien merdouillé jusqu’à présent. Mais c’est Toi qui vas tenir les rênes de notre vie. » Et, à partir de là, vraiment, j’ai, commencé à exister et, vraiment, à exister dans le bonheur, et un bonheur qui ne nous quitte plus, ni Ligia ni moi, qui est toujours croissant. Et, ceux qui étaient pour moi des ennemis avant, sont maintenant des frères.
Et pour moi, quand le Christ dit « Aimez vos ennemis », c’est vraiment ce qu’Il m’a permis de faire. Et donc, Il nous permet d’aller dans des endroits où on ne serait jamais allés, rencontrer des gens vers qui on ne serait jamais allés et, du coup, vivre des choses phénoménales, extraordinaires, qui sont un chemin de joie.