A l’âge adulte, de par mon métier de cuisinier je travaillais tous les week-end et je ne pouvais plus aller à la messe. J’ai vécu comme ça pendant 20-25 ans. Un soir au boulot, j’ai appris par hasard, à la radio, la mort de Jean-Paul II. Dix minutes plus tard, on m’a annoncé que l’Eglise à côté du restaurant où je travaillais serait ouverte toute la nuit pour que les gens puissent aller prier.
“Et pendant cette prière, il m’a retrouvé”
Là, en sortie du boulot, j’ai senti un besoin impérieux, mais vraiment une forme qui m’attirait à aller prier devant le tabernacle. Et pendant cette prière, il m’a retrouvé. Je dis retrouvé parce que je n’étais pas loin de lui, puisque la prière ne m’avait jamais quitté. Mais c’était plutôt une prière de demande :”donne-moi ça, fais ça pour moi”. Là je me suis senti en action de grâce parce que Jean-Paul II pour moi, c’était quelqu’un d’important. C’était quelqu’un que j’avais eu la chance de rencontrer en pèlerinage à Rome, et la façon dont il nous avait dit bonsoir sur la place Saint Pierre m’avait touché énormément.
“La première chose que je leur ai demandé c’était ma bible”
Alors après, je suis revenu petit à petit, doucement vers la messe. J’y allais une fois par mois, une fois tous les deux mois et en fait de plus en plus souvent et heureusement. Il y a sept ans, j’ai dû être opéré en urgence d’un cancer colorectal. Le chirurgien le matin est venu dans ma chambre en me disant :”Bon, je vous opère à 2h, j’en ai pour 4h”. Sauf que sur la table, j’ai fait une péritonite. Et au lieu de 4h d’opération ça a été 8h30. Ensuite, trois semaines en soins intensifs. Le seul souvenir dont je me rappelle c’est que mes parents étaient là à mon réveil et que la première chose que je leur ai demandé c’était ma bible. Quand le chirurgien l’a vue, lui qui était musulman a dit en voyant la bible :”Je comprends mieux, j’avais l’impression d’être guidé sur la table, mais je vois que je n’étais pas tout seul”.
“J’ai découvert que Dieu n’était pas quelqu’un de loin”
Et il m’a demandé l’autorisation de prier avec moi quand il pourrait. En fait tous les soirs pendant 5-10 minutes, on priait ensemble, pour les opérations difficiles qu’il allait avoir, pour les malades qui étaient en soins intensifs et pour tous les malades de l’hôpital. Cette expérience pour moi, ça été quelque chose d’assez fort. Je me suis aperçu qu’en fait ça agrandissait ma foi et que ça fortifiait ma foi dans ma religion. J’ai découvert que Dieu n’était pas seulement quelqu’un de loin, mais quelqu’un de très proche, un père qui nous prenait dans ses bras. Maintenant l’Eucharistie c’est un besoin, c’est une respiration, c’est une force de vie et l’adoration encore plus. En fait, c’est un dialogue, quand on parle à un ami, on lui parle sans obligation, on lui parle. On fait la conversation, c’est naturel. Dieu pour moi c’est un ami donc je lui parle comme à un ami.