Je m’appelle Thomas. J’ai 40 ans. Après mon diplôme d’ingénieur, j’ai dégoté directement le job de mes rêves, à savoir trader, métier assez compliqué, avec beaucoup de tensions, des gens avec beaucoup de stress, avec beaucoup de pics dans la journée, et énormément de travail : je bossais de 7h du mat à 23h/minuit. Et ça ne se passait pas trop mal.
Et un jour, je fais le deal, le plus beau deal que je fais de ma carrière. Ça attire un peu l’œil de mon management, avec même beaucoup de suspicion : je me retrouve à l’isolement pendant ½ journée, avec une pression assez forte parce qu’on ne sait pas si j’ai fait un beau coup ou si j’ai fait une escroquerie.
Mon management revient me voir un plus tard dans la journée, après avoir vérifié tout ce que j’avais fait, et à me dire : « En fait, tu as fait un truc vraiment bien ! Est-ce que tu peux le refaire ? »
Puis donc, ce même soir, je rentre chez moi. J’habitais un quartier plutôt sympa. Et puis, sur mon chemin, je vois deux voitures qui étaient remplies avec des familles dedans. Et je me rends compte, qu’en fait, il y avait deux familles qui dormaient dans leurs voitures, en bas de chez moi. Et là, ça a été une première question, j’ai commencé à me dire : « Thomas, jusqu’où tu es prêt à aller dans ta vie pour réussir ? Est-ce que tu peux accepter vraiment de voir ça en bas de chez toi et toi, partir le matin au boulot, surexcité ? » J’ai commencé à me poser beaucoup, beaucoup de questions. Les angoisses ont commencé à grandir parce que j’avais aucune hygiène de vie : je travaillais 14/15 heures par jour, je dormais trois heures par nuit. J’ai commencé à devenir complètement hypocondriaque, à devenir complètement insomniaque…
Et puis, j’ai un de mes très bons amis qui est coach et avec qui on échange beaucoup. Il m’a dit : « Quand même, Thomas, tu te poses beaucoup de questions ! Il y a un truc qui ne tourne pas rond dans ta vie. Tu ne peux pas continuer comme ça. Si tu veux bien, je te trouve quelque chose à faire pendant une semaine : une retraite, quelque chose… » Quelques jours après, il revient. Il me propose de partir au Canada pour faire une retraite, chez des religieux. Alors, je me dis : « Les bonnes sœurs, peut-être qu’elles ont quelque chose en plus, une profondeur… » Je me suis dit : « Je vais parier sur les bonnes sœurs. » Et puis c’était au Canada. Je me suis dit : « Ça sera suffisamment loin pour que je ne fasse pas demi-tour. »
Quelques mois après, je me retrouve au Québec. Et je rentre dans cette communauté religieuse qui nous reçoit avec une haie d’honneur, à taper dans les mains, à chanter. Je me dis : « Mais je suis arrivé chez les fous ! Qu’est-ce que je fais ? » Et là, je me souviens d’avoir choisi cet endroit là, justement parce que c’était loin : je ne pouvais pas faire demi-tour.
Donc voilà, je me retrouve là, je me dis : « Je vais jouer le truc à fond. » Jusqu’à un moment où en fait, je me retrouve à pointer du doigt quelque chose dans ma vie, qui vraiment, est difficile, une espèce de blessure sur laquelle je sens vraiment qu’il faut que j’aille poser un pardon, sur laquelle je suis incapable, je n’y arrive pas : j’arrive pas à pardonner.
Et puis, dans cette retraite, j’ai échangé avec une sœur qui s’appelait Yvette. Et Yvette me dit : « Thomas, ce truc-là, cette espèce de blessure que tu portes, vraiment, il faudrait… Ce que je te propose, c’est de prier Jésus pour qu’Il vienne te guérir. » Je dis : « Yvette, c’est hyper cool ton idée, c’est super sympa, mais tu sais, moi, je ne crois pas trop, je ne crois pas trop en Jésus. Si, je trouve que c’est un mec cool, mais voilà, moi, j’ai pas la foi. » Elle me dit : « Écoute Thomas, si tu veux, très bien, moi, je peux prier pour toi : moi, je crois en Jésus et, si tu veux, je peux venir prier pour toi. »
Yvette commence à prier pour moi. Et puis là, je serais incapable de dire si ça dure 30 secondes ou si ça dure 10 minutes, mais par contre, ce dont je me souviens, c’est que je vis quelque chose de complètement surnaturel : là, je me sens, d’un seul coup, comme…comme visité par une espèce de force bienveillante, comme un feu qui vient visiter tous les membres de mon corps ; une espèce de grande paix, de grande joie qui, d’un seul coup, apparaît en moi. Moi quoi étais complètement anxieux, devenu complètement angoissé, d’un seul coup, je me réconcilie avec une sensation de paix.
Et je regarde Yvette et je dis : « Mais Yvette, il s’est passé un truc de dingue, là ! Je ne comprends pas ! » Je lui dis : « Peut-être que ton Bon Dieu existe, en fait, Yvette ! » Et Yvette me fait : « Ah ça, c’est sûr, Thomas ! »
Dieu me fait venir ici. Il se manifeste en moi. Et voilà, il vient me dire : « Thomas, je t’aime ! Et non seulement je t’aime, mais je t’aime depuis le début ! » Et ça, c’était quelque chose d’extraordinaire.
Les interrogations ne se sont pas terminées le jour où j’ai eu cette espèce de conversion foudroyante. Parce qu’après, c’était bien beau, je me retrouve avec : « Ouais, super, Dieu existe, Dieu est venu me chercher. Merci Seigneur, tu m’aimes, mais je fais quoi maintenant ? » Et donc, j’ai eu une rencontre avec un prêtre qui s’est dévoué pendant un an, tous les dimanches, après la messe, à répondre à toutes mes questions.
Et puis un jour, on me propose…ça ne vient pas comme ça mais, j’étais très touché par les gens de la rue. Et je suis parti, au début pour passer quelques mois en colocation avec des gens qui viennent de la rue. Et puis, j’ai vécu comme ça pendant trois ans. Et puis là, j’ai eu l’occasion de vivre vraiment l’évangile au quotidien, et puis là, pour le coup, un petit miracle tous les jours.