Bonjour, je m’appelle Thierry. J’ai eu une jeunesse où Dieu n’était pas vraiment présent, j’étais pas très croyant. J’allais à la messe avec mes parents, mais c’était pas très incarné. Et puis, lorsque j’ai eu 24 ans, 25 ans, là, j’ai eu une grosse crise dans ma vie et j’ai un peu tout envoyé balader. J’étais un peu colère contre ma famille, contre plein de choses…une colère assez forte, et aussi contre Dieu. Et, à partir de là, je n’allais plus du tout à l’église, j’étais très éloigné. J’ai pris un autre chemin. J’ai eu deux enfants avec ma compagne. Et beaucoup de choses ont été compliquées dans ma vie. Et le temps passait. Et on s’est séparés.
Là, j’étais très fragile à ce moment-là, très fragilisé. Donc, le temps passe, mes enfants grandissent. J’ai à peu près 40 ans. Mais, du côté de la foi, il se passe peut-être des petites choses en moi : je me sens partagé entre, à la fois, un désir de Dieu et, en même temps, une petite voix au fond de moi qui me dit : « Tu n’as pas ta place. Tu n’es pas à ta place. Tu n’es pas en phase avec le Seigneur, tu n’es pas en phase avec Dieu. Et tu n’es pas à ta place. Regarde ta vie ! » Mais, malgré tout, il y a ça en moi et qui est accompagné par la musique et des lectures ; et entre autres, des poèmes de grands saints, de sainte Thérèse de Lisieux, mis en musique, des poèmes de sainte Thérèse d’Avila, et, en particulier : « Que rien ne te trouble, que rien ne te touche, que rien ne t’effraie : tout passe. Dieu seul suffit ! »
Et là, ces paroles, elles résonnent en moi, je ne sais pas ce qui se passe, elles résonnent en moi, ça me touche profondément. Et j’écoute ces chansons en cachette, je les écoute dans ma voiture, sur un cd. Je laisse tomber le rock’n roll, je laisse tomber les Rolling Stones, quand je suis tout seul, et j’écoute sainte Thérèse.
Et puis, il y a également les lectures et je rouvre une bible que j’avais, chez moi. Et j’ai ouvert la Bible aux Psaumes : les Psaumes, ce sont des poèmes très anciens qui sont dans la Bible. Et moi, je lis ces Psaumes et je les reçois comme un coup de poing ; je les reçois comme un coup de poing dans le ventre : c’est quelque chose qui me touche, qui me rejoint, moi, dans ma vie d’homme. Ça me rejoint parce que ça parle de la douleur, ça parle du fait qu’on se tourne vers Dieu, ça me parle de la création… Et moi, ça me touche, à ce moment-là, énormément. Ça me touche, je lis ça la nuit, je lis ça le jour… Si j’ai une insomnie, je lis les Psaumes : toujours pareil, je ne sais pas ce qui se passe. Simplement, il y a ce désir qui grandit, ce désir de Dieu qui grandit.
Et puis, le premier dimanche de l’Avent 2006, j’habite dans un petit village. Et dans ce petit village, le dimanche, il y a un marché. Donc je pars au marché avec mon panier pour aller acheter des carottes, des poireaux…tout ce qu’on trouve au marché. Et les cloches de l’église sonnent. Et, à ce moment-là, je ne vais pas au marché, je me dirige vers l’église. Je sens que, ce jour-là, je vais à l’église ! Je dois aller à l’église ce jour-là. Et, en entrant dans l’église, je me sens, je me dis : « Tiens, là, tu as fait un choix libre : celui d’aller ce matin à cette église. » Et là, c’est pas comme les autres fois où je suis entré dans une église : ce jour-là, je suis touché par l’assemblée qui est tournée vers l’autel. Je suis touché par la prière, je suis touché parce que tout le monde est tourné vers cet autel.
Et il y a un moment, dans la messe, où toute la foule dit une phrase : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une parole et je serai guéri. » Et là, ça résonne vraiment en moi. Et je sens comme une voix, quelque chose en moi qui me dit : « Je t’aime et tu as ta place dans cette église. Tu as ta place parmi cette assemblée, quelle que soit ta vie, quelle que soit la façon dont tu te vois. Je t’aime ! » Et là, c’est la douche, je me mets à pleurer, comme si quelque chose s’était écroulé en moi. Tout ça, je le garde pour moi, car je ne comprends pas ce qui s’est passé, à ce moment-là, je ne comprends rien.
Et simplement, j’ai une grande joie dans le cœur. Et, à partir de là, je suis retourné à la messe régulièrement : je ne crois pas que, depuis cette date, j’ai raté beaucoup de messes, beaucoup de dimanches. Et je me mets à ouvrir ma bible. Et moi, j’avais une image de Dieu qui était un Dieu vengeur, un Dieu dur, un Dieu qui pointe du doigt, un Dieu moral ; et, peut-être lié aussi à mon histoire, peut-être lié à ma façon de percevoir l’autorité, peut-être mon père, je ne sais pas.
Et là, en ouvrant ma bible, tout d’un coup, je découvre, dans l’Ancien Testament, un Dieu amour. Parce que pour moi, ma conception, à l’époque, il y avait un Dieu de l’Ancien Testament qui était dur, qui avait fait le déluge…qui jugeait, qui chassait les gens du Paradis, quelqu’un de très dur. Et puis il y avait Jésus qui, lui, était plutôt sympathique. Et là, tout d’un coup, je découvre que ce Dieu de l’Ancien Testament est un Dieu bon : c’est un Dieu bon qui va, dès l’origine du monde, prendre dans sa main, Adam et Ève, quand Il va les chasser du Paradis : Il leur coud des habits. Il va protéger Caïn… Tout cet Ancien Testament où Dieu est bon. Et déjà, on a tout le message d’amour de Jésus : il est là, il est dans l’Ancien Testament, il est déjà exprimé dans l’Ancien Testament. Il faut juste le lire, il faut le voir, il faut le découvrir.
Et moi, ce qui s’est passé, c’est que le Seigneur m’a donné de comprendre cet amour. Et à partir de là, je vais lire la Bible : au départ, c’est juste les Psaumes qui me touchaient, qui touchaient mon être. Là, tout d’un coup, je suis touché beaucoup plus profondément et la Parole de Dieu prend une importance dans ma vie, elle prend vraiment de l’importance dans ma vie.
Et aussi, à ce moment-là, j’ai la chance de rencontrer des personnes, autour de ma paroisse : il y a une petite fraternité qui se monte spontanément, on se reçoit les uns chez les autres. On échange, on discute. Et moi, je peux parler de ma foi avec d’autres. On peut parler, on me conseille des livres, on me conseille de lire certaines parties de la Bible ou de l’Évangile. Et on avance comme ça…
Et, également, un des fruits de tout ça, c’est que, mes parents sont très âgés maintenant, et j’ai pu me réconcilier avec eux, même si on n’a jamais été fâchés à mort : ça m’a permis, en tout cas, aujourd’hui, d’être auprès d’eux pour les accompagner dans leur vieillesse. Quelque part, il y a aussi une relation d’amour qui s’est reconstruite entre nous, avec nos limites à nous, mes parents et moi, on a nos limites, mais on a reconstruit une relation d’amour.
Ce Dieu que j’ai rencontré, c’est l’amour, c’est un Dieu amour, c’est un Dieu qui m’aime profondément. Et ce Dieu m’appelle aussi, à le suivre et à l’aimer avec mes petits moyens, à la hauteur…essayer d’aimer comme Lui nous aime