J’ai été baptisée à l’âge de 3 mois et demi. Mais peu de temps après, mes parents sont rentrés au Parti communiste et leur foi s’est éteinte. Je n’ai donc reçu aucune éducation religieuse.
À 33 ans, j’ai appris que le père qui m’avait élevée n’était pas mon vrai père. Tout naturellement, une fois le choc passé, j’ai désiré rencontrer celui qui m’avait conçue. Cela a pu se réaliser facilement. C’était un homme marié, qui était déjà père de neuf enfants quand je suis venue au monde…
Dix ans après notre première rencontre, il m’a invitée à une session spirituelle catholique et j’ai accepté d’y participer car j’étais curieuse et ouverte. Le dernier jour, à la fin de la dernière messe, je suis tombée à genoux, en larmes, saisie par l’amour de Dieu. J’ai prononcé ce mot “Pardon”, et simultanément j’ai su que Dieu accueillait ma demande. Je n’ai donc pas hésité une seconde à lui ouvrir mon cœur. J’avais la certitude que cette rencontre avec Dieu allait à la fois tout et rien changer dans ma vie. En effet il me prenait telle que j’étais, avec toutes mes pauvretés, et en même temps, il m’aimait inconditionnellement. Plus jamais je ne serais seule.
Un jour, j’ai entendu intérieurement et avec insistance : « Sylvie, va prier. »
J’ai poursuivi mon chemin comme j’ai pu, avec des hauts et des bas. Un jour, mon père, qui passait à Paris, m’a offert une icône qu’il avait faite, et qui représentait « Marie, porte du ciel ». Peu après, j’ai trouvé un chapelet par terre. Il me plaisait beaucoup, car il était multicolore, très gai. C’était le chapelet que j’avais demandé dans ma prière ! Mais je ne savais pas le prier. Puis j’ai traversé une période pendant laquelle j’étais très malheureuse. Un jour, j’ai entendu intérieurement : « Sylvie, va prier », avec insistance. Je me suis rendue à la chapelle de la rue du Bac. Au moment où j’arrivais, la prière du chapelet commençait. C’est ainsi que j’ai appris le chapelet, et cette prière m’a accompagnée jusqu’à aujourd’hui.
J’étais démolie : tout en moi était à reconstruire.
Le 8 décembre 1987, des amis de mon père m’ont parlé d’un groupe de prière qui se réunissait toutes les semaines dans une grande église de Paris. J’y suis allée et j’y suis restée très fidèle. Au bout de quelque temps, on m’a proposé d’intégrer une communauté nouvelle, et tout de suite, j’ai été accompagnée par une consacrée qui m’a suivie jusqu’à sa mort, pendant vingt-quatre ans. Elle a été pour moi une mère spirituelle. J’étais démolie : tout en moi était à reconstruire. En effet, ma mère n’avait jamais été tendre avec moi. De plus, elle était jalouse du bonheur de ses proches.
Quand je me suis convertie, on m’a conseillé dans un premier temps de ne pas en parler autour de moi. Mais quelques mois après, j’ai fini par le dire. J’étais très fière : être aimée de Dieu et l’aimer, c’était pour moi tellement merveilleux ! Mes amis avaient d’ailleurs perçu mon changement. Non croyants, ils convenaient que ma conversion m’avait transformée, ils me trouvaient rayonnante. Au travail aussi, mes collègues avaient vu que j’étais plus paisible, plus heureuse. Ils me posaient beaucoup de questions. Ma relation avec les malades était transformée. Infirmière en réanimation, je voyais désormais le Christ en chacun d’eux. C’était pour moi un bonheur immense d’être à ses côtés. En parallèle, j’ai fait régulièrement des missions médicales d’urgence pendant vingt-sept ans. Dans ce contexte, j’ai eu souvent l’occasion de témoigner de ma rencontre avec Dieu : je voyais les personnes dans un court laps de temps. Les gens étaient à l’écoute, très intéressés.
Je peux dire que ma conversion a donné un sens à ma vie tout entière. Dieu m’a fait renaître et a définitivement planté en mon âme une confiance inusable en son amour, avec la certitude que chaque seconde de ma vie est entre ses mains.