Je perd très jeune ma maman puisqu’elle est décédée quand j’avais sept ans. Drame dans notre existence. A 18 ans, je perd mon papa. C’est pour moi l’année du bac. Je suis révoltée qu’on puisse comme ça chambouler la vie d’un enfant et d’une jeune adulte. Je ne conçois pas qu’un Dieu qu’on dit Amour puisse exister, et enlever les parents d’un enfant.
Je me donne à fond dans le sport, en particulier l’escalade. J’ai l’impression de me réaliser dans ce sport. C’est un sport où il y a du risque et surtout un challenge personnel de réussir, à monter la paroi, toujours une paroi plus difficile, toujours dans des conditions plus compliquées. Paradoxalement, arrivée en haut de la paroi, j’ai toujours un sentiment d’amertume plutôt qu’un sentiment de satisfaction. Je me demande à chaque fois arrivée en haut quel autre challenge je vais pouvoir me fixer.
Un jour ma sœur, la seule qui me restait puisque je n’avais plus de parents, m’annonce qu’elle s’est convertie au catholicisme. Elle a rencontré le Seigneur. Elle m’offre un dizainier que je porte à la main gauche. Peu de temps après, je pars escalader une x-ième paroi, sauf que cette fois-ci je n’arrive pas en haut, je tombe du rocher. Je pense alors que tout est fini, que je vais mourir. Écroulée par terre, je rend tout de suite grâce à Dieu : “Merci mon Dieu, merci mon Dieu”. Je suis habitée par une joie, c’est complètement paradoxal. Je suis heureuse parce que je sais que Dieu existe, j’ai l’impression qu’il est avec moi et que Dieu est présent, c’était la plus grande joie de ma vie.
Je suis très atteinte physiquement, mais uniquement du côté droit. Je n’ai absolument rien du côté gauche. Et c’est à gauche que je porte le fameux dizainier que m’avait donné ma sœur peu de temps avant !
Je souffre terriblement dans mon corps, mais ma plus grande souffrance est de m’apercevoir du vide de ma vie. Je décide alors de changer de vie quand je me rétablirai et de la fonder sur Dieu. Je prie le Notre Père, la seule prière que je connais et je demande la confession. Malgré la souffrance, je suis habitée par une joie intérieure. Une joie et une liberté que je ressens pour la première fois. Je n’ai jamais été aussi entravée que sur un lit attachée par des tuyau, mais c’est alors que je ressens une une liberté, un bonheur et une joie que je n’ai jamais ressentie auparavant. Je me rend compte que la liberté, ce n’est pas seulement de pouvoir faire et multiplier ce qu’on fait, mais la liberté c’est la liberté de poser des décisions. J’arrête alors de chercher dans l’extérieur ou dans les activités ou les prouesses sportives un bienfait pour ma vie, pour mon être, mais je cherche à poser des petites décisions dans ma vie de tous les jours et suivre ces décisions qui étaient des petites décisions de prière. Aujourd’hui je me sens plus libre quand je passe cinq minutes devant le saint Sacrement que quand je grimpe un 7C.
Aujourd’hui, le Christ c’est mon quotidien, il m’accompagne dans tout ce que je vis, dans les épreuves comme dans la joie, c’est le chemin que j’ai décidé de suivre avec ma liberté.