Je m’appelle Pierre. Ce qui m’a toujours intéressé, c’est la connaissance : quand j’avais huit ans, mon père me racontait que j’avais dessiné un rond dans la buée, sur la fenêtre de la voiture. Et je lui avais dit : « Ça, c’est l’univers et là, c’est l’infini. Mais qu’est-ce qu’il y a après l’infini ? » J’ai toujours cherché, en fait, à approfondir, à décortiquer. Et, du coup, j’ai beaucoup adhéré à l’esprit scientifique. Et, plus tard, j’ai continué à aller vers la partie purement physique, à essayer de comprendre les sciences de la matière : ça m’a toujours porté. J’ai toujours voulu comprendre comment fonctionnaient les choses.
J’ai fait de la physique, un petit peu de chimie, des mathématiques. Et je me suis intéressé à d’autres domaines : le comportement humain, par exemple. Et là, je ne trouvais pas la même sensation d’ordre, c’est-à-dire qu’il y avait des explications qui n’étaient pas forcément cohérentes entre elles et j’ai continué mon cheminement comme ça.
Et donc, arrivé à l’âge adulte, j’ai rencontré celle qui est devenue mon épouse. Et un jour, j’ai appris que j’allais avoir un enfant. Et là, je me suis posé la question : « Mais quand même, je vais devoir lui transmettre des valeurs, j’ai une responsabilité. Mais qu’est-ce que c’est ces valeurs, en fait ? » Et donc, j’ai commencé à poser des questions autour de moi. J’ai des amis qui m’ont dit : « Il y a des valeurs chrétiennes. Tu verras ! C’est comme ça ! »
Moi, il faut que je vous dise, la religion, j’avais un rapport d’opposition complète : il ne fallait pas me parler de religion. C’était que de l’oppression et de la manipulation : les catholiques, c’était vraiment un repoussoir pour moi. Et donc, j’étais dans cet esprit-là lorsque je me posais des questions sur l’éducation.
Et un jour, j’étais dans ma voiture, en train de rentrer vers Paris, à quelques minutes de la Porte d’Orléans. Et j’écoutais une émission de radio dans laquelle il y avait une personne qui parlait, qui était un auteur, qui parlait du comportement humain, du cerveau, des choses qui me paraissaient très intéressantes. Et puis tout d’un coup, la personne qui menait l’entretien, a fait une digression en disant : « Oui, mais, on se fait des idées, effectivement, sur ce qu’on sait de la nature humaine, du comportement. Et on pense que c’est comparable à ce qu’on sait sur la matière, finalement, sur l’ordre physique, sur la chimie, la biologie. Mais en fait, depuis le début du XXe siècle, il y a des scientifiques qui ont approfondi cette idée-là et qui se sont rendus compte que, même dans les lois de la physique, il y a des zones d’ombre ; même dans les mathématiques, dans les systèmes mathématiques, il y a des choses qu’on ne peut pas prouver sans faire appel à un système supérieur. Tout d’un coup, tout ça, ça s’est aligné et il y a quelque chose qui s’est ouvert en moi, quelque chose…comme une porte ; comme si moi, j’étais face à un obstacle et, tout d’un coup je me suis décalé et qu’il y avait quelque chose derrière.
Et j’étais là, au volant de ma voiture, et tout d’un coup, toute ma vie de matérialiste, d’athée, elle est restée, c’était toujours moi, mais j’avais quelque chose en plus : et c’était pas quelque chose, c’était vraiment quelqu’un. Et j’ai pas compris ce qui m’arrivait sur le moment. Je suis rentré. J’ai fait mon travail, je suis retourné chez moi. J’ai dit à ma femme : « Ce dimanche, je voudrais aller à l’église. » Parce que…immédiatement après avoir eu cette expérience, j’ai mis de côté tout ce que j’avais refusé, tous les obstacles… En fait, ce que je me dis, des fois, j’ai arrêté de ne pas croire ! J’ai pas commencé à croire, j’ai arrêté de ne pas croire !
Et du coup, tout était évident, en face de moi, il y avait ce que j’ai appris à nommer Dieu, parce que, pour moi, c’était pas facile, au départ. Et après, ma vie a changé…sans changer parce que je voulais quand même que ma femme, mes enfants vivent avec la même personne avec laquelle ils avaient toujours vécu : on avait une vie et j’ai pas voulu leur imposer de changement. On vit toujours de la même manière mais on a, je pense, quelque chose en plus.