J’ai grandi dans une famille catholique. Petite, j’ai toujours entretenu une relation personnelle avec Jésus et j’aimais beaucoup prier mais en classe de 5ème on a déménagé dans une ville de région parisienne et là tout a changé. La religion est devenue quelque chose qu’il fallait faire pour rentrer dans un moule, c’était une étiquette et finalement croire en Dieu n’était plus source de joie mais c’était quelque chose pour entrer dans un moule, pour devenir quelqu’un.
J’essayais de jouer le rôle de quelqu’un que je n’étais pas
En parallèle de ça, j’ai commencé à ressentir un profond malaise qui grandissait de plus en plus et je voyais bien que j’essayais de jouer le rôle de quelqu’un que je n’étais pas. Ce malaise s’est vraiment accentué, ce qui fait qu’en classe de 1ère j’ai commencé à faire de grosses crises d’angoisse. J’étais dans une profonde solitude parce que je le cachais à mes parents, j’estimais que, encore, ça n’entrait pas de la case de ce qu’il fallait faire. Finalement au moment des vacances de Noël ça devenait trop dur donc j’en ai parlé à mes parents, j’ai commencé à consulter, j’ai reçu des ordonnances, des médicaments et puis ça ne passait toujours pas. Au mois d’avril j’ai dû être hospitalisée en hôpital psychiatrique parce que les crises avaient vraiment augmenté et étaient incontrôlables.
J’ai senti la main du Père qui venait me rattraper
Cette hospitalisation ça a été un grand choc parce que ça été comme si cette bulle dans laquelle je m’étais enfermée, cette bulle catho, elle a complètement explosé et je me suis retrouvée confrontée à des jeunes tellement différents de moi et qui ne croyaient pas du tout en Dieu avec des anorexiques, des jeunes qui avaient beaucoup d’addictions. C’était vraiment un monde différent. En fait, cela a été un profond moment de conversion parce que, pendant une consultation, le médecin m’a provoqué une crise d’angoisse. Au début j’étais assez stressée mais, pendant que je vivais l’angoisse, j’ai ressenti comme la main de Dieu qui venait me rattraper alors que j’avais l’impression de tomber sans fin. Là, j’ai senti la main du Père qui venait me rattraper, ça a été une grande certitude et pendant une consultation, j’ai ressenti la présence de Dieu.
Par cette blessure des angoisses, le Christ est venu me rejoindre
Avec le recul je me rends compte que cette hospitalisation qui a été très dure sur le moment, a été un moment incroyable, cela a été un tournant dans ma vie, dans ma relation avec le Christ parce que le Christ est devenu quelqu’un pour moi. Je suis un peu revenue à ma foi d’enfant, à ma foi où Jésus était une personne pour moi et j’ai arrêté de le faire juste parce qu’il fallait le faire. Aujourd’hui mes angoisses continuent, elles ne se sont pas arrêtées complètement mais je le vis vraiment différemment parce que je sens la présence de Dieu qui est là et sa main me rassure. Et en fait j’ai même la certitude que c’est par cette faiblesse, c’est par cette blessure, cette plaie ouverte des angoisses que le Christ est passé pour venir me rejoindre qu’Il est venu, qu’Il est entré pour vraiment venir à ma rencontre. Le Christ pour moi c’est ce que mon cœur désire le plus, c’est ce pour quoi je suis faite, c’est ce vers quoi je tends c’est à la fois le chemin et ,à la fois le but de ma vie.