Je suis né aux Philippines. Ma mère, quand elle était enceinte de moi, n’arrêtait pas de travailler. Je suis presque né sur son lieu de travail. C’est ma grand-mère qui m’a élevé. Un jour ma grand-mère a dit que ce n’était plus possible et qu’il fallait que je grandisse avec un père. Ma mère en a parlé à mon père qui habitait en France. Il a été d’accord pour faire un rapatriement familial. Quelques mois plus tard je suis arrivé en France. Je n’ai connu mon père que trois ans car il est décédé quand j’avais 7 ans. Après la mort de mon père j’ai fait une dépression. Je n’arrivais plus à rentrer chez moi, je pleurais quasiment dès que j’ouvrais la porte. On a découvert aussi que j’avais une maladie héréditaire et chronique. A cet âge-là on est jeune et bête et j’ai décidé de ne pas prendre mon traitement. Ma mère ne m’a jamais soutenu, ni en sport ni en cours ni ailleurs… Par exemple, quand je ramenais des bonnes notes, elle disait : « Ok, mais c’est de notes. » Je ramenais des titres académiques en escalade, au foot, ou dans d’autres sports et elle disait : « C’est cool, mais ça ne va pas nous nourrir, tu es un peu la honte de la famille, et on s’en fout. »
On m’avait fait trop de mal avec des ou des paroles
Un jour j’ai découvert un groupe de jeunes qui évangélisaient par le chant, le théâtre et la danse. Mais j’ai eu différents soucis : avec des personnes du groupe de jeunes, des amis, et aussi avec ma santé.
Au bout d’un moment j’en ai eu marre de tout. On m’avait fait trop de mal avec des gestes ou des paroles. Du jour au lendemain j’ai décidé d’abandonner ma vie catholique. Ça a étonné beaucoup de monde. Un jour, un jeune du groupe de jeunes m’a appelé pour me dire qu’il ne m’avait pas vu depuis longtemps, qu’il fallait que je revienne et qu’on allait animer plusieurs pèlerinages de jeunes. Je lui ai répondu : « Pas de soucis. » J’ai rejoint l’équipe d’animation. Pendant les veillées on nous proposait de tirer des petits bouts de papier avec des paroles de la Bible. J’en pris un. La première parole que j’ai reçue, disait : « Car si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi vos péchés. Mais si vous ne pardonnez point aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos péchés. » Là je me suis pris une gifle, une gifle spirituelle. Tout l’été, à chaque veillée, j’ai pris des paroles et elle ne parlait que de pardon, que de pardon… Au bout d’un moment je me suis dit : « Pourquoi ? »
Pour le réveillon, avec le groupe, on a animé une veillée de jeunes. Il y avait des temps de prière et je voyais, dans les yeux des jeunes, qu’ils avaient une flamme que je n’avais pas. Alors je me disais : « Qu’est ce que je fous là ? Je ne sers à rien. » Plus tard j’ai parlé avec un prêtre et je me suis confessé. Je lui ai déballé toute ma vie et il m’a dit : « Ah oui quand même… et pourtant, il faut que tu réussisses à pardonner tout ça, pour que toute ta vie s’apaise. » A la suite de cette confession, j’ai réussi à pardonner grâce à Dieu.
Maintenant je suis apaisé
J’ai trouvé un travail dans une association qui se trouve en cité. J’aime bien voir les enfants grandir : les voir réussir même s’ils vivent en cité. Maintenant je suis apaisé dans ma vie. Dans cette association on prie, et je réussis à prier pour les gens qui m’ont fait du mal.