Pendant l’enfance, je vis une solitude intérieure qui se renforce à l’adolescence, à un tel point que dans mes relations, je n’ai aucune aptitude à construire des relations d’amitiés. Les défauts des autres me sautent à la figure. Je ne comprends pas ce mécanisme qui me pousse à être déçue de toute relation. Petit à petit, je me renferme sur moi-même. Mon entourage me reproche de ne pas être normal. Comme j’en souffre énormément, je tente auprès de thérapeutes un moyen pour redevenir “normal”, pour comprendre pourquoi je n’ai pas d’amis, pourquoi je ne suis pas bien avec moi-même et encore moins avec les autres. Aucune de ces thérapies ne m’aide, ou m’apporte une quelconque réponse.
“Je n’étais plus seule”
Je ne le sais pas encore mais c’est Jésus la réponse. A travers cette exigence très forte vis-à-vis des autres, c’est l’amour absolue que je cherche. Un jour, Jésus me fait comprendre avec beaucoup de délicatesse que cet amour absolue c’était lui qui allait me le donner.
J’ai rencontré Jésus pendant une retraite à Paray-le-Monial, en Bourgogne il y a quatre ans. Pendant la retraite, je cherche des signes de Jésus à la basilique, à la chapelle. Rien. Je ne suis pas lectrice, mais c’est en feuilletant un livre par hasard sur un petit meuble que Jésus vient me rencontrer : la description de la souffrance extrême du Christ la veille de sa mort me bouleverse. Je me sent rejointe dans sa souffrance morale. Jésus a souffert quand il a vu les apôtres endormis dans le Jardin des Oliviers alors qu’il leur avait demandé de veiller. La souffrance physique et morale de Jésus est décrite avec une telle intensité, que je suis bouleversée au point de ressentir physiquement mon cœur se torde de douleurs. Je pleurs sans comprendre ce qu’il se passe. Je suis touchée parce que je me sens dans une solitude intérieure comme celle que le Christ a vécue. C’est comme si je découvrais que moi-même j’avais construit un mur immense entre les autres et moi-même. Le Christ m’a rejointe à travers sa souffrance, je n’étais plus seule.
“Aimer l’autre comme il est”
Depuis, je suis délivrée d’un poids qui allait m’écraser : le poids de ce mur que j’avais construit. Maintenant, j’entends enfin ce qui est demandé à chacun : aimer l’autre comme il est. Aimer son prochain, c’est l’aimer comme il est. Je l’avais compris intellectuellement. Maintenant c’est avec le cœur que je le vis. Aujourd’hui, c’est par les qualités de l’autre que je me relie à lui. Et en reconnaissant aussi mes propres défauts, mes relations sont plus simples. Tout n’est pas résolu, mais je commence à marcher vers l’autre.