Je m’appelle Marie-Anne. Je viens d’une famille avec des croyances en Dieu. Alors, je suis allée au catéchisme quand j’étais petite. Donc, j’avais quand même cette relation dans mon cœur avec Dieu ou Jésus, je ne savais pas trop bien, mais voilà… Pendant mon adolescence, j’ai vraiment développé un amour pour le cheval qui a occupé tout l’espace. Et je voulais en faire mon métier. Mais ma famille n’était pas trop d’accord. Donc j’ai fait autre chose, mais le cheval est devenu un peu mon dieu. Donc, il n’y avait plus que ça qui comptait.
Et il se trouve que ma maman s’était fâchée avec sa sœur, donc ma tante. Et je ne connaissais donc pas mes cousines. Et puis, il est quand même arrivé une belle chose puisque ma mère et sa sœur ont décidé de se réconcilier. Et là, mes cousines m’ont dit : « On va pouvoir enfin se connaître ! » Et il y en a une qui m’a dit : « Écoute, je connais un endroit sympa. Il y a des gens chouettes, plein de jeunes. Ça chante beaucoup. Je t’y invite cet été. Et comme ça, on pourra se connaître, se rencontrer. »
Donc moi, je pars avec ça en me disant : « Ouais ! Je vais aller rencontrer ma cousine. » On arrive ensemble dans ce lieu. Moi, je me dis : « Qu’est-ce que je fais là ! Parce que je vois plein de jeunes super contents, qui parlent tout le temps de Dieu… C’est pas du tout mon univers ! Alors, heureusement qu’il y a ma cousine ! » Parce que mon but, c’était de faire sa connaissance, sauf qu’elle se perd dans la foule et que je ne la vois jamais. Je me retrouve toute seule face à moi-même, avec tous ces questionnements sur l’Église, sur Dieu… C’est pas simple, je suis dans l’inconfort, vraiment ! Mais, en même temps, je suis interpellée par l’attitude de toutes ces personnes qui ont l’air d’avoir une espèce de feu, de joie dans le cœur que moi j’ai pas. Ça dure trois jours, parce que le séjour, il dure cinq jours quand même.
Et puis, le quatrième jour, il y a un groupe de jeunes qui se réunit dans une pièce. Et là, ils proposent ce qu’ils appellent une « prière fraternelle » Moi, je ne sais pas ce que c’est. Et ils se mettent à prier, chacun à leur tour, les uns pour les autres. Alors là, je commence à avoir peur et j’ai envie de sortir de cette salle, sauf que je suis loin de la porte. Et j’ai carrément la sueur de peur qui me coule dans le dos. Je ne suis vraiment pas à l’aise. En plus, je suis super timide. Je me dis : « Il va falloir que je parle. Qu’est-ce que je vais dire ! »
Et puis arrive mon tour. Et là, au pied du mur, il faut bien que je me lance ! Donc, je dis : « Écoutez, ça fait trois jours que j’entends « Ouvre ton cœur ! Ouvre ton cœur ! Ouvre ton cœur ! » Moi, je ne sais pas ce ça veut dire, je ne sais pas comment faire. Je ne sais pas trop ce que je fais là. En même temps, je vois qu’il y a quelque chose que vous avez, que je n’ai pas : vous avez une joie débordante. Ça me fait envie. Si ce Dieu dont vous me parlez, il existe, il faut qu’il se manifeste, qu’il fasse quelque chose ! »
Et à ce moment-là, toutes ces 30 ou 40 personnes qui sont autour de moi se mettent à chanter, taper des mains, presque danser… Waouh ! Il y a un déferlement de joie autour de moi. Et ce déferlement de joie ouvre mon cœur, ce que je ne savais pas faire, comme un amour, un débordement, une vague d’amour qui rentre en moi et qui fait que je me sens profondément aimée comme jamais. Je suis complètement bouleversée par ça, à la fois joyeuse et émue comme je le suis là, au moment où je vous parle.
Et, quand on reçoit cet amour qui est immense, on ne peut que se sentir aimé, et du coup s’aimer, se reconnaître aimable, et aimer les autres. Et, quand je suis sortie de là, j’étais prête à sauter au cou de n’importe qui : la petite grand-mère qui croise ma route au bébé, ou au monsieur qui fait la manche… Il n’y avait plus de différence, il n’y avait plus de jugement. Il n’y avait qu’une espèce d’élan d’amour parce que c’était débordant.
Et ça m’a porté longtemps, sauf que je rentre chez moi et personne n’est au courant, personne ne partage ma foi. Donc, je me tourne vers un groupe de prière pour avoir du soutien. Et puis, il y a un moment donné où on rentre un peu dans les coulisses de nos blessures. Et la vie avec l’Église n’est pas simple : on a des insatisfactions. Et, comme on a toujours cette recherche de vérité, d’amour et de relationnel, on s’éloigne un peu et on va chercher dans d’autres spiritualités, dans d’autres groupes. Et on s’éloigne doucement.
Et puis s’écoulent des années : la conversion dont je vous parle, j’avais 20 ans. Aujourd’hui, j’en ai 60. Et puis il y a des rencontres qui se font, des prises de conscience, il y a de la maturité qui s’installe. Donc, il se trouve que, quarante ans après, je reviens au même endroit. Je suis ramenée par une espèce d’élan intérieur que je ne peux pas expliquer. Et j’y vais, sans trop savoir. Et quand je reviens dans ce lieu, que tous ces souvenirs remontent et que je vois l’ambiance de nouveau, quarante après quand même, que c’est toujours existant, que c’est toujours là, que c’est toujours la même proposition de joie et d’ouverture du cœur, ben là, mon cœur, il s’ouvre de nouveau, comme si j’avais 20 ans encore. Et la joie, elle rentre en moi, elle déborde… Je suis bluffée ! Je ne sais pas quoi dire ! C’est plutôt magnifique !
Dieu est fidèle ! Il est toujours là ! C’est toujours le même ! Il a pris plein de chemins différents. Mais là, je le retrouve dans un contexte similaire. Et je suis subjuguée par le fait qu’il est là pour moi, toujours pareil.