Je suis la quatrième enfant d’une famille de cinq. À ma naissance, de graves complications m’ont laissé un handicap physique. Il ne se voit presque plus aujourd’hui, grâce à des années de rééducation, mais il m’a valu les moqueries de mes camarades de classe, de la maternelle au collège. J’ai dix ans quand mes parents divorcent. C’est violent, traumatisant. Je pensais n’avoir pas droit au bonheur ni d’être heureuse un jour. C’est difficile d’avoir une vision d’un Dieu aimant, protecteur, consolateur. Ce qui m’aidait à y croire, c’était les amis, les rassemblements de jeunes chrétiens et les retraites spirituelles… Le 11 novembre 2017, je reçois un coup de téléphone pendant que je suis au travail. Je n’ai pas reconnu la voix de l’homme qui est au bout du fil. C’était pourtant mon père, qui m’a demandé de m’asseoir et m’a annoncé : « Gwénolé est mort ». Mon frère était décédé à Saint-Jacques-de-Compostelle dans son sommeil, à la fin de son pèlerinage.
“C’était la dernière chance”
J’ai banni Dieu de ma vie. Pendant un an, j’ai eu peur de prier, peur de m’attirer d’autres malheurs. En proie à la tristesse, au doute, à la colère ou dans la joie, je m’adressais souvent à Dieu. Quand je l’ai largué, je me suis sentie terriblement seule. En janvier 2018, je me rends seule à Lourdes pour chercher des réponses et un peu de réconfort auprès de la Vierge Marie. J’ai gravi le chemin de croix en bouillonnant intérieurement. Je me disais : « Seigneur, tu portes une croix, d’accord, mais tu la gardes pour toi. Je n’en veux pas de ta croix, de tes souffrances. Laisse-moi tranquille ! ». Ma vie m’avait montré une fausse image de Dieu et de son fils Jésus : un Dieu sadique, qui me demande de l’aider à porter sa croix.
J’ai vécu 23 ans avec la foi, donc tout n’a pas disparu du jour au lendemain. Au fond de moi, je restais persuadée que Dieu était la réponse. Je suis partie faire une agapèthérapie, ou « guérison par l’Amour de Dieu ». C’était la dernière chance. Si je ne rentrais pas convertie, sans signe d’amour de Dieu, je quittais définitivement toute pratique religieuse et le milieu catholique.
“Je suis repartie convertie”
Dans ce lieu appelé le Cénacle, j’ai entendu une phrase qui a ouvert mon cœur à Jésus : « Le Christ est mort et ressuscité, voilà le fondement de notre Foi. » Quel ami ! Quel réconfort que Jésus. Quel Roi, vainqueur. Il a vécu notre condition humaine, a pleuré la mort de son ami Lazare, eu le sentiment d’être abandonné par son Père, vécu la solitude, l’exil, a travaillé, est mort. Mais il est ressuscité ! Il a vaincu toute tristesse. Sa résurrection est une victoire ! Dieu m’a montré l’image d’un Gwen heureux, derrière le Christ, me faisant son signe de la main habituel. Je suis persuadée qu’il est heureux là où il est, qu’il veille sur ma famille. Dieu est venu me remplir d’espérance en me donnant pour cadeau, pour ami, pour frère, son fils Jésus.
Le Seigneur est un Dieu libérateur, il m’a éclairé à prendre les bonnes décisions concernant mes relations familiales difficiles. Je suis retournée à la messe, pour y contempler la mort et la résurrection du Christ, le don total de sa vie, pour nous sauver et nous offrir une joie éternelle. Je prends le temps de prier quotidiennement, de lire la Bible, de me laisser enseigner par les prophètes, les apôtres, et Jésus lui-même. Je suis arrivée à la retraite dépressive, en colère, triste, perdue et sans espoir. J’en suis repartie convertie et heureuse. Le Seigneur n’a pas cessé d’entretenir cette joie et cette paix qui m’habitent.