Je m’appelle Laurent. J’ai 52 ans. J’ai toujours été baigné dans la religion catholique depuis tout petit puisque j’ai coché toutes les bonnes cases, c’est-à-dire du baptême jusqu’à la confirmation, mais jusqu’à un moment donné où j’ai trouvé ce climat un peu étouffant, où je me disais : « C’est peut-être bien, on peut s’épanouir ailleurs. » Comme je l’ai fait à partir de mes 20 ans, par le travail où là j’ai trouvé des priorités dans ma vie qui étaient autres que la religion. Et là-dessus, je me sentais…m’épanouir dans mon travail, c’était un peu ma priorité à ce moment-là. Je sais que, quand on parlait de religion, je me disais croyant quand même, mais surtout, je disais derrière, « mais pas pratiquant ! » Je voulais ma liberté, j’y tenais : surtout pas l’Église ; c’était une institution qui était fermée, où je me retrouvais pas du tout.
En arrivant sur mes 40 ans, j’étais sur une séparation, un divorce. Au niveau boulot, au niveau travail, ça allait, aussi, très mal puisque là, j’étais à l’aube de perdre mon boulot. Et à l’époque, j’avais plus de repères puisque, même le divorce, je m’étais un tout petit peu retourné vers le Seigneur. Mais voilà, je savais que je pouvais prendre les choses en main, c’était pas un problème, que j’allais toujours pouvoir rebondir. Mais alors, le travail, c’était la chose sacrée : là-dessus, on ne pouvait pas y toucher. Et là, j’étais mis à pied par rapport à mon entreprise : pour moi, c’était la pire des choses qui puisse arriver. Donc là-dessus, le seul moment où je pouvais me trouver bien, trouver un réconfort, (je ne pouvais pas en parler à mes proches, ma famille, mes amis, même les plus proches, j’avais trop honte), c’était de rentrer dans une église et de me confier au Seigneur.
Et là, je me suis trouvé vraiment, vraiment bien : j’étais à l’abri de tous mes soucis. Rien que le fait de rentrer dans une église, d’avoir ce silence, ce recueillement…toutes ces choses-là qui m’apportaient, qui ont fait que j’ai réussi à me reconstruire petit à petit, en allant petit à petit, à mon rythme, retrouver le chemin de l’Église, par le culte, les messes du dimanche, les choses où je m’ennuyais jusqu’à présent. Mais là, j’ai retrouvé des passages de lectures, des choses qui me plaisaient : je commençais à me plaire à ce rythme-là, mais pas encore à me confier à un prêtre, à me confier à d’autres personnes, parce que moi, c’était encore… Je voulais gérer, je voulais gérer encore tout ça à ma façon. Mais je sentais que je commençais à, avoir une réponse, une petite réponse. Je ne voulais pas forcément me tourner vers les gens de la communauté de mon village : je voulais encore voir quelque chose de plus profond et qui corresponde à ce que je recherchais à ce moment-là.
Et donc, je suis tombé sur une brochure d’une invitation à un rassemblement de chrétiens, avec des parcours différents. Donc au départ, c’est vrai que ça me faisait un peu peur, parce qu’on voyait beaucoup de parcours de familles. Et moi, ça répondait pas du tout à ces choses-là : c’est des thématiques qui ne me correspondaient pas du tout. Et là, par contre, là où j’ai percuté, c’est le fait de faire des parcours…on acceptait les personnes seules. Donc, là-dessus, ça me convenait complètement. Et donc, là-dessus, j’ai pu faire une retraite spirituelle d’une semaine, à ce rassemblement-là.
Et là, j’ai commencé à discuter avec des forums et voir qu’on n’est pas seul, on n’est pas isolé : là-dessus, ça fait du bien de parler… le goût de parler. Là, j’ai pu commencer à parler, à mettre des mots à mes soucis du moment, à me dire : « Où j’en suis dans ma vie ? À 40 ans, qu’est-ce que j’ai fait de ma vie ? » Le prêtre du moment m’a remis en confiance et m’a fait, un petit peu, revoir mon chemin, mon parcours, redécouvrir mon parcours, et que, finalement, il n’était pas si imparfait que ça : peut-être que, si j’en suis arrivé là, il fallait que je passe par toutes ces épreuves du moment, pour arriver à découvrir tout ça.
Et voilà, à un moment donné, à une certaine messe, j’ai eu une grâce qui m’a touché : le cœur s’est mis… comme quand on tombe amoureux, c’est-à-dire être traversé par une lumière… C’est très difficile à décrire parce qu’on est tout seul à le ressentir. Mais surtout, ces choses-là, on dit que ça arrive toujours aux autres, jamais à soi. Ça a peut-être duré trois secondes, trois minutes, je ne sais pas… mais quelque chose qui vous réchauffe le cœur d’une puissance impressionnante. Et là, je me suis dit : « Waouh ! C’est que l’amour du Christ qui me parle ! »
Et, derrière tout ça, on ne sent pas forcément surpuissant, mais plein de choses nous répondent. On se dit : « Ça y est ! J’ai pas besoin de recommencer ce que je faisais auparavant. » C’est-à-dire de ne me tourner vers le Seigneur que quand ça allait mal. Maintenant, j’apprécie le Seigneur à tout moment : dans les petits gestes du quotidien, un sourire, le sourire de la boulangère qui me dit « Bonne journée ! ». Je me dis : « Ça y est ! Seigneur, tu m’as parlé là ! » Parce que moi, j’étais à une époque où je ne ressentais plus du tout ça. Et j’enviais ces personnes qui avaient la foi. Même pour les personnes qui la recherchent, je dis : « Il faut être patient avec tout ça et ça arrivera ; le temps viendra. »