Je suis d’une famille juive qui a immigré en France dans les années 20. Ma famille a souffert directement du génocide, mon père a été déporté et il a pu revenir. A cause de cette tragédie, mon enfance et mon adolescence étaient marquées par un poids de tristesse, de mort. Cela a fait que j’avais du mal avec mon identité juive. J’ai commencé à me marginaliser de plus en plus.
“Je me suis dit, ça c’est la vérité”
Je me cherchais, je cherchais quelqu’un sans savoir qui. J’ai frappé à de nombreuses portes qui m’ont conduit, qui m’ont fait entrer dans des lieux ténébreux, douloureux. La chose la plus grave qui me soit arrivée c’est que j’ai été le père d’un enfant avorté. Mon amie de l’époque est allée se faire avorter en Angleterre en 1971. Malgré toutes les expériences négatives que je faisais, je continuais à lire et à chercher, jusqu’à ce qu’en 1975 je trouve un livre qui parlais de la non-violence. C’est un mot qui a résonné de manière très particulière en moi puisque j’étais empli de violence. Ça a été comme une bouffée d’air frais, une lumière dans mon cœur. Donc j’ai lu tous les livres que cet auteur a écrit, dont un commentaire de l’évangile. Lorsque j’ai fini de lire le livre, je me suis dit : “Ça c’est la vérité, ce serait peut-être bien que je devienne chrétien.”
“J’ai accepté de croire que Jésus était le Messie d’Israël”
Ça c’est une adhésion intellectuelle à la doctrine, il fallait encore que mon cœur y adhère. Donc j’ai vécu pendant quelques semaines, quelques mois un combat intérieur douloureux, angoissant. Je ne savais que faire jusqu’à ce que je tombe sur une phrase de l’évangile, où Jésus disait que : “Certains d’entre vous ne verrez pas la mort sans voir arriver le royaume.” Cette parole je l’ai reçue en plein cœur et j’ai reçu ça comme une promesse du Seigneur, comme une promesse de Dieu. Une promesse qu’il ferait quelque chose pour mon peuple, pour le peuple juif, pour ma famille, pour mon père, et pour moi. Ce qui fait qu’à ce moment-là j’ai fait un saut dans la foi et j’ai accepté de croire que Jésus était le Messie d’Israël et qu’il était le fils envoyé par le Père pour sauver les hommes et me sauver.
J’ai donc reçu le baptême dans l’église catholique quelques mois plus tard, au mois de juillet 1976 à Notre Dame du Laus. Je me suis mis à prier une heure par jour. J’ai passé beaucoup beaucoup de temps en cœur à cœur avec le Seigneur, ce qui a permis de me mettre à nu devant lui et il m’a guéri des blessures de ma vie, des blessures des pêchés que j’avais pu commettre. Il m’a guéri de mon identité juive que j’avais beaucoup de mal à vivre. Il me suffit de me mettre à son écoute, de l’aimer, de me laisser aimer par lui, de communier à son corps et à son sang pour accueillir en moi cette identité juive et cette identité chrétienne qui l’accomplit dans un sens. Et je dirais aujourd’hui que plus je marche avec Jésus, plus je suis chrétien, plus je suis juif.