Bonjour, je m’appelle Gonzague. J’ai toujours cru en Dieu, j’ai toujours été catholique. Parce que j’ai grandi dans une famille catholique. Mais, pendant mon enfance et toute mon adolescence, j’étais dans un milieu un peu particulier, un peu fermé, un peu en marge de de l’Église, assez critique avec certaines choses. Et puis, moi-même, je l’étais.
Et puis j’avais aussi, je pense, une relation à Dieu assez particulière : c’est-à-dire que, pour moi, je croyais en Dieu, c’était vraiment très important dans ma vie. Mais c’était un peu un Dieu lointain et qui est plutôt un Dieu qui jugeait, il y avait quelque chose de plutôt inquiétant dans ma foi. Et je me rends compte, moi aussi, j’avais tendance à juger les autres, ceux qui n’étaient pas chrétiens ou ceux qui n’étaient pas chrétiens comme moi, et aussi à me juger moi-même.
Et à un moment, quand j’étais adulte, je me souviens, c’était mon premier métier, c’était à l’étranger. C’était la première fois que j’allais à l’étranger. Donc, c’était un grand bol d’air pour moi. Je travaillais à New York. Et j’avais rencontré un autre chrétien d’un style hyper différent de moi, pas la même sensibilité. Et, en même temps, on était proches, on faisait beaucoup de choses ensemble. On discutait de notre foi et souvent on était d’accord. Et il y avait certains points où on n’était pas du tout d’accord. Mais, en tout cas, il y a un truc qui m’a frappé, c’est qu’on croyait tous les deux à Dieu Amour et moi, je croyais en Dieu Amour parce que c’était ma foi, mais lui, pour la première fois, il aimait quelqu’un et ce quelqu’un, c’était Dieu. Et ça m’a beaucoup touché.
Et puis il y a autre chose, il employait, déjà il était très joyeux, et il employait le mot « joie » pour parler de sa foi, alors que moi, c’étaient deux choses disjointes : je pense que j’étais joyeux mais, en tout cas, la joie, ça n’avait pas de place dans ma foi. Donc voilà, cet ami, ça m’a beaucoup touché et ça m’a donné envie d’aller à la source : mais où est-ce qu’il puise tout ça ?
Et, quelque temps après, j’ai une autre amie qui m’a proposé d’aller à une retraite : en fait, elle m’a même proposé de prier pour moi parce que je cherchais du travail, ça faisait longtemps que je cherchais du travail. Et elle m’a dit : « On va faire une prière. » C’était une prière sur neuf jours. « Et si ça marche, ça c’est moi qui lui ai dit ça, si ça marche, j’irai à cette retraite que tu me proposes. » Alors, qu’à la base, c’est pas du tout mon truc.
Et les neuf jours se passent, on prie. Et, quelques jours après, vraiment je crois que c’était le lendemain, on m’a appelé pour un nouveau boulot que j’ai eu. Et donc, j’avais perdu ou gagné d’une certaine manière, mais je suis quand même allé à cette retraite. Et, dans le fond, j’avais envie d’aller à cette retraite parce que c’était vraiment lieu où cette amie que j’avais rencontrée avant, puisait sa foi, sa joie, etc.
Et là-bas, j’ai rencontré plein de chrétiens qui vivaient de manière très joyeuse : c’était très accueillant. Moi, je me sentais bien, même si c’était vraiment différent de ce que j’avais connu. C’était vraiment quelque chose que j’avais vraiment rejeté pendant des années. Et, notamment, il y a quelque chose qui m’a vraiment frappé : c’est qu’ils priaient tous en levant les bras, même parfois en dansant. Moi, j’avais toujours trouvé ça ridicule, je trouvais ça bizarre quand même.
Et, à un moment, je me suis vu prier, j’étais en train de prier comme ça. Et je me suis dit : « Là, en fait, je suis fermé, fermé vis-à-vis de Dieu, fermé vis-à-vis des autres. Est-ce pas eux qui ont plus raison que moi ? »
Et j’ai, à un autre moment, un soir, (ça a duré plusieurs jours), un soir, il y avait une très belle veillée de prière. Et puis, j’ai été poussé à m’avancer. J’étais vraiment très touché par cette veillée, et je suis vraiment allé au cœur de la prière. Et là, j’ai été hyper touché par Dieu : enfin ce Dieu qui était lointain et un peu inquiétant, il était proche ; ce Dieu Amour, il m’aimait et je l’aimais. Et là, j’ai ressenti une joie incroyable : vraiment j’ai pleuré, j’ai beaucoup pleuré pendant cette soirée. Et à tel point qu’en revenant dans mon dortoir, j’avais acheté deux cartes postales. Et j’ai écrit deux cartes postales, juste pour partager ma joie à mes deux meilleurs amis qui étaient dans ce mouvement d’Église auquel j’appartenais, un peu en rupture avant.
Et donc, ce Dieu qui était lointain, il est devenu proche d’un coup. Et c’est vrai que j’avais pas… j’avais une relation, j’avais une vie de foi un peu fermée. Et là, ça ouvert quelque chose, à tel point que j’avais vraiment envie de servir Dieu, servir les autres, servir l’Église. Et j’ai commencé un cheminement, je me souviens très bien, ça a commencé à ce moment-là, j’ai commencé un cheminement pour devenir prêtre, qui a duré plusieurs années. Finalement, je ne le suis pas devenu : Dieu m’appelait à autre chose. Mais ça a été, à la fois, ma réconciliation avec Dieu, une grande joie qui est rentrée dans ma vie ; et puis le point de départ d’une générosité nouvelle.
Dieu, avant, je le voyais surtout comme un juge et je le respectais beaucoup. Mais maintenant, je le respecte toujours autant mais il est vraiment proche. Et cet amour en lequel je croyais, c’est un amour que je peux ressentir et surtout que je peux vivre, que je peux partager. Et ça, il y a vraiment quelque chose qui a changé vis-à-vis de Dieu, mais en fait, vis-à-vis de moi aussi, vis-à-vis des autres : ça, c’est le grand cadeau qu’il m’a fait.