Florence : Je m’appelle Florence. Je suis donc mariée et on a sept enfants.
Bruno : Je m’appelle Bruno. J’ai une exploitation agricole. Je suis le mari de Florence. On a des bovins et des porcs.
F : Nous ne sommes pas issus de familles catholiques pratiquantes : la messe… les rituels, on ne connaissait pas vraiment…baptisés, communiés mais sans plus. J’ai eu une enfance vraiment difficile, donc le rapport avec Dieu était vraiment très, très à l’écart.
Et puis, on nous a invités à venir à la messe dans notre village. On a accepté. Donc, on est venus avec les enfants : l’aîné, Adrien, qui avait 8 ans. Et le prêtre lui a demandé d’être enfant de chœur. Il n’y connaissait rien. Vraiment, ça a été un grand appel pour notre enfant : il a voulu y aller tous les dimanches. Donc, il y est allé tous les dimanches, mais tout seul. Et puis, c’est vraiment quelque chose qu’il aimait beaucoup.
B : Moi, il y a le deuxième qui est arrivé. Il était toujours avec moi sur la ferme. Et puis à un moment, il fallait donner, un peu se libérer un peu du temps : « Après tout, tu es toujours dans mes pattes. Je vais t’envoyer à la messe avec lui. »
F : Et pour le punir.
B : Et pour le punir, parce que c’était compliqué à gérer. Et il est revenu tout content.
F : Il est revenu enfant de chœur ! Donc, au lieu de gagner… La paroisse venait de gagner deux enfants de chœur. Et, c’était comme une contagion : le troisième a fait pareil, a demandé, lui aussi, à y aller. Et donc, les enfants se sont mis à parler avec le prêtre, en fait, il a vu trois enfants de chœur arriver comme ça. Et donc, en parlant avec le prêtre, ils ont découvert qu’on n’était pas mariés, que Dieu, pour nous, c’était un peu loin.
Et, je ne sais pas, ça a été un électrochoc : on s’est dit oui. En tout cas, moi, ça a été un électrochoc. Donc, du coup, on est retournés à la messe avec mes enfants, accompagner mes enfants. Et on a préparé notre mariage catholique. On a un enfant qui est malade, et on nous a demandé de l’emmener à un pèlerinage.
B : On a été touchés par ce pèlerinage. Il y a quelque chose qui s’est passé. On s’est dit : il faut qu’on continue dans ce système-là, pour nous aider dans toutes les épreuves de la vie. Et… voilà…
F : Le Seigneur nous a parlé. C’était une évidence : il fallait qu’on soit plus présents pour nos enfants, qu’on les accompagne à la messe, mais que, nous aussi, on se mette en chemin, en chemin avec lui, pour vraiment nous aider. On avait des problèmes de trésorerie sur les exploitations agricoles : c’est pas toujours évident. Et vraiment, on était vraiment désemparés.
Et là, on s’est mis à prier. On l’a senti, Dieu intervenir dans notre vie de tous les jours : c’est contagieux, en fait ! Toute notre famille a été convertie : en moins de 3, 4 ans, on avait tout le monde qui pratiquait à la maison. Et vraiment, il agit dans notre vie : on a complètement changé, le pèlerinage, c’est maintenant…
B : Ça change pour moi qu’il y a des moments très difficiles, très tendus parce qu’avec l’élevage, c’est pas toujours évident, et la météo, avec le changement climatique. Ça aide à affronter les épreuves, à être plus confiant et essayer de se laisser guider, voire de mieux s’assurer, changer mes techniques de travail… C’est pas toujours évident de trouver la bonne solution, le bon partenaire… Alors, on y va à tâtons, voir les valeurs qu’ils ont. Et puis, des fois, on a des visites un peu surprenantes. On se dit : « C’est quoi cette personne ? » Et, en fin de compte, on s’aperçoit qu’elle nous aide bien, qu’elle nous accompagne bien.
F : On sent que c’est Dieu qui agit : on essaie de repérer, maintenant, les signes que Dieu fait dans notre vie quotidienne… de nous aider, de nous ouvrir. Et la prière, ça permet de rester calme, de rester détendu dans les épreuves, de ne pas s’effondrer, se dire qu’il y a toujours une solution à un problème, qu’il faut juste prier pour obtenir la solution.