J’ai grandi dans une famille catholique. Mais quand je suis arrivé en médecine dans l’armée, j’étais loin de mes parents et j’ai rejeté un peu toute cette tradition, tout ce que j’avais reçu. J’ai arrêté d’aller à la messe, j’ai arrêté de prier, j’ai arrêté de croire en Dieu et pendant 4 ans j’ai vécu une vie d’étudiant épanoui, heureux, avec tout ce qui va avec. J’avais une jolie copine, j’avais réussi médecine, j’étais dans l’armée donc j’avais un salaire, avec les potes on s’est fait de beaux voyages…
C’est allé un peu crescendo dans ce monde–là : j’ai rompu avec ma copine et là ça a commencé à être plutôt des plans d’un soir, j’étais de plus en plus dans le monde de la nuit, et notamment le monde de la techno avec des festivals, de la drogue dure pendant un an. Au bout de ces 4 années c’est par les filles que j’ai réalisé que cette vie avec les filles, ces petites relations comme ça, ça ne me rendait pas heureux et que je désirais plus.
Je me suis mis à la recherche du grand amour, et comme je venais d’un monde catho, ma grande sœur est fiancée avec un catho, je me suis dit qu’il fallait que je rencontre une catho, mais une catho qui ne croit pas trop en Dieu. Je ne connaissais pas d’ami catho, du coup je suis allé à la messe, dans le but de rencontrer des filles, et là-bas ils ont proposé d’aller à un grand festival catholique dans lequel je suis allé. J’étais éloigné de mes addictions. J’ai pris conscience des grandes questions qui étaient dans mon cœur, ces grandes questions sur la vie, sur ce qui me rend heureux, pourquoi je suis là, d’où je viens, la vie après la mort… Pendant ce festival j’ai entendu beaucoup de choses sur Dieu et je trouvais ça super beau, ce Dieu qui nous aime, qui est proche. En même temps c’était tellement loin de ce que je croyais… Jusqu’au moment où j’ai pris conscience de certaines choses de ma vie, notamment par rapport aux filles : j’étais là pour rencontrer des filles mais le regard que je portais sur les filles était abîmé, était sale. Il y avait pas mal de filles que j’avais blessé aussi et toutes ces choses remontaient et étaient lourdes, je ressentais un certain dégoût de moi-même par rapport à ça.
Je suis allé voir un prêtre, plus pour parler avec lui initialement, mais il m’a invité à me confesser. J’ai vécu une expérience très forte, difficile à décrire, mais une présence d’amour de Dieu, cette certitude que Dieu était là et qu’il me disait “Erwan je te connais, je sais tout ce que tu as fait, je vois tout ça et je t’aime.” Ça a bouleversé ma vie, et de là a commencé une amitié avec Dieu, une chemin de liberté et de libération par rapport aux différentes addictions. Un chemin ou j’ai pu être de plus en plus moi même, et en même temps un chemin où j’avais ce grand désir de partager ce que j’avais vécu, je me disais que ce n’était pas possible que le monde ne sache pas que Dieu existe, que Dieu les aime et qu’on peut le rencontrer. Dans ce cheminement–là j’ai commencé un chemin pour devenir prêtre. Je suis séminariste aujourd’hui. D’une certaine façon il m’a redonné la vie ; même si j’étais vivant, je vivais à 10% de ce que je vis aujourd’hui. Il m’a ouvert à une nouvelle dimension de la vie que je ne soupçonnais pas. Il m’a permis d’être beaucoup plus unifié, beaucoup plus épanoui, beaucoup plus moi–même.