À 12 ans, j’ai commencé à m’intéresser au tag (graff). Peu à peu, c’est devenu de plus en plus important pour moi. Je peignais des murs d’autoroutes, de voies ferrées, puis des trains, des métros… Gardes à vue au commissariat, perquisitions de la police à domicile ; je suis même passé deux fois au tribunal. Après une course-poursuite, nous nous sommes fait arrêter. Mes parents avaient été informés par la police. En les voyant, j’ai compris qu’ils étaient vraiment déçus. Ils pleuraient. Je me suis dit : « Manu, tu fais trop de mal autour de toi. » J’ai alors décidé d’arrêter mais n’y suis pas arrivé. C’était devenu une drogue !
Subitement, le graff ne m’intéressait plus du tout.
Six mois plus tard, un de mes amis allant mal, j’ai pensé que peut-être Dieu pourrait l’aider. Nous sommes allés ensemble à des rencontres chrétiennes où tout commençait par un bon repas. Puis venait un enseignement, suivi d’un groupe de discussion. Il y avait une très bonne ambiance. Au milieu de ce parcours, on nous a proposé un week-end sur Dieu, qui nous disait-on, agit dans nos vies. S’il faisait des choses pour les autres, peut-être pouvait-il m’aider, moi aussi ! Ce jour-là, le 19 novembre 2003, entre 17 et 18 heures, j’ai fait cette prière : « Seigneur, j’ai envie d’arrêter le graff et je n’y arrive pas. Peux-tu faire quelque chose pour moi ? » Aussitôt je me mis à pleurer, sans savoir pourquoi et ce pendant 45 minutes. Je ne faisais pas le rapprochement avec ma prière. Le lendemain, un gars avec qui je graffais beaucoup me raconte ce qu’il avait fait la veille. Je l’écoutais, mais ça ne m’intéressait pas. Après l’avoir quitté, je marchais dans la rue et les tags que je voyais me laissaient indifférent. De même, les magazines spécialisés… Dieu m’avait libéré de cette passion pratiquée depuis sept années, comme je le lui avais demandé, instantanément, sans aucun effort de ma part.
Le désir artistique qui m’habite est bon; il avait juste été mal orienté.
Toute ma vie a changé. Le graff, qui prenait tout mon temps libre, n’était plus mon centre d’intérêt. En quelques semaines, je m’éloignais de mes “amis”. Je cherchais des jeunes à la foi vivante. J’en rencontrais et, petit à petit, Dieu remit ma vie en ordre pour me rendre toujours plus libre. La Bible m’a beaucoup aidé et m’aide toujours à penser comme Dieu pense et à me rapprocher sans cesse de lui.
Quelques années plus tard, j’ai compris que le désir artistique qui m’habitait était bon ; il avait juste été mal orienté. J’ai donc développé des projets de graff orientés vers Dieu dans des endroits autorisés ou exposés à la vue de tous. Des graffs mais aussi des toiles, des tableaux et des vêtements, etc. Servir Dieu en se faisant plaisir, c’est un réel bonheur !