Mes parents se sont séparés quand j’avais quelques mois et j’ai été élevée par mes grands-parents maternels. Mais alors que j’avais 9 ans à peine, mon père m’a mise en pension chez des religieuses catholiques, moi la petite fille arménienne orthodoxe. Toutes mes amies se préparaient à la première communion, tandis que moi, je ne le pouvais pas. À l’époque, c’était interdit. J’étais très frustrée.
Alors que j’étais en pension, mes parents se sont battus devant moi. J’ai préféré rester en pension.
Je ne revenais que pour les grandes fêtes dans ma famille. Une année, ma mère est venue me chercher pour Noël. Mais mon père qui était là ne l’a pas accepté et ils se sont battus sous mes yeux. J’ai eu tellement peur que pour les vacances suivantes, j’ai préféré rester en pension. Un autre jour, mes parents sont venus me voir ensemble et mon père a donné la permission officielle à ma mère de venir me voir. Elle est venue une fois, me promettant de revenir, mais elle ne l’a pas fait. Cela m’a profondément révoltée. À partir de ce moment, j’ai voulu quitter la pension. J’ai dit à mon père : « Tu me sors de là ou je m’évade ! » Je suis donc rentrée chez mes grands-parents. Ma mère me rendait visite de temps à autre, toujours de façon imprévisible. Je fréquentais l’église arménienne orthodoxe voisine pour les grandes fêtes.
La religieuse m’a dit: « Mais mon petit, c’est du Christ de supermarché, ça! »
Un jour, j’ai été entraînée dans un groupe ésotérique par une amie qui faisait de l’astrologie. J’étais éberluée. Il y avait des voyantes. L’une d’elle voyait d’emblée dans le corps des personnes les parties qui étaient malades. Dans ce groupe, on priait Jésus, la Sainte Vierge., Dieu, etc. Les membres se disaient chrétiens. Ils avaient tous un don : l’un était magnétiseur, l’autre radiesthésiste, le troisième voyant, etc. On nous disait : « Dieu a donné des dons à chacun. À nous de les cultiver ! » Cela ne me semblait pas idiot. Par la suite, on nous a appris à magnétiser et d’autres pratiques du même genre. J’écoutais tout cela avec attention mais sans réussir à développer un don particulier. Une des « voyantes » nous dit un jour : « Je connais une bénédictine ; vous devriez aller la voir. » Nous avons suivi son conseil et avons assisté à la messe dans cette abbaye. Là, mon cœur a été complètement retourné. J’ai demandé à la religieuse si je pouvais revenir la voir seule. Elle a accepté et m’a accueillie quelques jours après. « Alors mon petit, comment cela se passe dans votre groupe de prière ? » me demande-t-elle. Je lui raconte benoîtement les voyantes, le magnétisme, et tout le reste. « Mais vous lisez la Bible ? » « Ah non ! » « Vous allez à la messe ? » « Non, non… » « Mais mon petit, c’est du Christ de supermarché ! C’est pas ça, la vérité ! » J’étais stupéfaite. Elle me conseilla alors de quitter ce groupe et de rejoindre les groupes de prière qui fleurissaient partout à l’époque. « C’est le Renouveau de l’Église, allez-y ! » Par ailleurs, elle m’a indiqué la venue en France d’un prêtre canadien qui priait avec fruit pour la guérison des malades, au nom de Jésus. Je suis allée à l’assemblée de prière organisée à cette occasion et ce soir-là, j’ai compris que Jésus était là. J’ai été bouleversée par les paroles de ce prêtre et des guérisons que je voyais s’accomplir autour de moi. J’ai eu la certitude que c’était Dieu qui agissait.
J’ai communié pour la première fois le jour de Noël. Une vie nouvelle commença alors pour moi.
J’ai donc suivi le conseil de la religieuse et me suis rendu dans un groupe de prière. Là, je me suis préparée pour recevoir l’effusion de l’Esprit Saint. C’est une prière pour demander le renouvellement des grâces reçues au baptême. Quand on a prié pour moi, j’ai su de quel amour j’étais aimée par Dieu depuis toujours et à jamais. C’était un amour tendre. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Des larmes de bonheur et d’amour. La religieuse m’avait enfin indiqué un prêtre qui pourrait me préparer à la première communion. Et j’ai communié pour la première fois le jour de Noël. Une vie nouvelle commença alors pour moi. Une vie de joie avec le Seigneur, malgré toutes les difficultés. Et quarante ans après, je suis toujours aussi heureuse d’avoir mis ma foi en lui seul.