Bonjour. Je m’appelle Christophe. Je suis atteint d’une paraplégie spastique héréditaire. Et j’ai grandi dans une famille catholique où on allait à la messe, mais c’était plus de l’ordre de la tradition. Du coup, j’ai appris que Dieu était bon, j’ai appris, qu’Il faisait de belles choses. Mais, à côté de ça, j’avais l’impression que ma maladie me posait beaucoup de barrières : forcément, c’est une maladie qui, en plus, est évolutive, qui est douloureuse, donc maladie rare, orpheline, et donc, pour l’instant, incurable.
Donc, je grandis avec ça, et ça fait toujours une différence, déjà à l’école où on se sent un peu mis de côté, ne pas jouer au foot avec les copains… Du coup, je ne fais pas partie des plus populaires de la classe. Donc, on grandit avec cet isolement qui devient un peu une solitude. Et, quand on grandit encore plus, on aimerait pouvoir commencer à aimer. Et on se dit qu’avec cette solitude, c’est difficile.
Du coup, je me retrouve dans une souffrance plus psychique que physique où là, je me dis que, ce que j’ai appris de Dieu que c’est beau d’aimer, à quoi ça sert si personne ne veut d’un handicapé ? Donc j’essaie quand même, un peu à corps perdu, d’essayer d’y croire, de m’accrocher quand même à ce Dieu qui a l’air bien sous tout rapports, mais qui, dans mon histoire à moi, a l’air très distant. Donc je me dis : est-ce qu’Il m’aime moi, quand même ou est-ce qu’Il n’aime que les autres ?
Et je me donne quand même cette dernière chance de croire en Lui où je vais prier dans une église vide, une fois. Et, dans cette église vide, il y a eu, pour la première fois, ce silence dont j’avais l’habitude qui était très différent : ce silence qui me disait, d’habitude « il n’y a personne qui est là, personne qui me répond », cette fois-ci, le silence me disait : « Je suis là et je t’écoute. » Et, du coup, je suis devenu accroc à ce silence : j’avais besoin de ce silence pour sentir que j’étais écouté, que je pouvais pousser mon cri et que Dieu m’écoutait ; que Dieu m’entendait et que Dieu était là, à mes côtés.
Ça n’a pas enlevé la maladie, ça n’a pas enlevé mes douleurs, mais ça permis de comprendre aussi quelque chose qui était révoltant et qui, je pense, est révoltant pour beaucoup : le chemin de croix de Jésus. Et je me rends compte que Jésus, lui aussi, est tombé lors de ce chemin de croix et qu’Il est tombé pour être à mes côtés, aujourd’hui et maintenant.
Donc, j’ai enfin compris que Dieu était là, que Dieu m’aime, que Dieu voulait être auprès de moi. Mais ça ne résolvait pas tout non plus puisque l’envie d’aimer restait toujours frustrée. Mes parents aussi, au vu de ce handicap, m’ont dit : « Ça va être difficile de trouver quelqu’un qui voudra d’un handicapé. Et, même si tu trouves quelqu’un, fonder une famille, ça va être compliqué parce que la maladie, aussi, peut être héréditaire. Et puis, en tant que père handicapé, comment tu vas t’occuper de tes enfants ? Ça va être compliqué. » Et c’est vrai que j’ai pris ce discours-là comme des barrières que j’ai considérées comme les miennes. Et, au final, ces barrières se révélaient vraies quand on veut s’en sortir tout seul.
Sauf que, ayant compris que Dieu ne me laissait pas seul, j’ai compris que Dieu était aussi dans ceux qui étaient autour de moi : à chaque fois que je voulais m’en sortir tout seul et que je ramais, je me faisais mal. Alors que, simplement, oser demander de l’aide, accepter de l’aide, parce que c’est pas si facile que ça, c’est accepter Dieu dans sa vie, c’est accepter qu’on peut s’en sortir, que les gens sont heureux de pouvoir aider aussi. Donc, ça a, déjà, changé pas mal de choses.
C’est aussi comme ça que, j’ai, eu service de Dieu encore, lorsqu’on m’a demandé à moi de l’aide pour animer une soirée de prière, c’est comme ça que j’ai rencontré mon épouse et la mère de nos six enfants. Donc, pour quelqu’un qui ne pouvait pas être père ou qui avait peur d’être père, aujourd’hui, le contraire est prouvé. Donc, c’est souvent tout seul qu’on se place plein de barrières, plein d’obstacles : les obstacles, c’est ce qu’on voit quand on perd ses objectifs de vue. Et quand son objectif c’est l’amour et que son objectif c’est Dieu, on se rend compte que, finalement, les obstacles, on peut les dépasser et que ce Dieu qui m’a rencontré, qui m’accompagne, qui me fait devenir ce que je suis aujourd’hui, toujours handicapé certes, mais aimé, capable d’aimer, aimable, capable de rendre les gens heureux aussi, même en demandant de l’aide, mais aussi par d’autres talents que le Seigneur m’a donnés, aujourd’hui, grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie.