Rancunière ?!… Moi ?!!… Pourtant, depuis quelques jours, me voici empêtrée dans un ressentiment tenace dont je ne sais comment me débarrasser. Il a suffi d’un ton de voix, d’un regard, d’une remarque désobligeante, pour que je me sente injustement attaquée, blessée, humiliée, trahie. J’ai beau prendre la situation par tous les bouts, j’en arrive toujours à la même conclusion : « j’ai bien raison d’être en colère et ce n’est pas à moi de faire le premier pas ».
Si tu te reconnais dans ce genre de réaction, s’il t’arrive de ruminer des événements récents ou plus lointains, si parfois ressurgit en toi un sentiment de colère mêlé de tristesse à l’égard d’une personne par qui tu t’es senti blessé ou trahi, alors que tu pensais avoir “réglé la question” depuis longtemps, tu sais combien le ressentiment nous enferme en nous-même, augmentant notre sentiment d’injustice et notre souffrance. La rumination empêche de réfléchir avec objectivité.
« L’homme qui a de la sagesse est lent à la colère, Et il met sa gloire à oublier les offenses », dit un Proverbe dans la Bible.
Pour mettre fin à la rancœur – je parle ici de faits sans grande gravité, de ces petites humiliations, vexations ou déceptions dont nous pouvons tous faire les frais – il faut le vouloir : refuser de se laisser dominer par cette colère intérieure et, peut-être, renoncer à ce désir inconscient de « le faire payer à l’autre » par notre froideur ou notre agressivité. Il est nécessaire de prendre du recul pour redimensionner notre perception de l’offense reçue : au fond, n’y a-t-il pas une part d’orgueil dans ma réaction ?