Je m’appelle Olivier. Dans ma famille, on ne parlait pas de religion parce que c’était un sujet de dispute. Donc, je ne suis pas allé au catéchisme. Ma mère nous emmenait seulement à la messe à Noël et à Pâques.
Et quand j’ai eu 15 ans, j’ai commencé à ne pas me sentir bien : j’avais l’impression de perdre mes amis les uns après les autres parce qu’eux grandissaient et moi, je restais un peu enfant. Donc ils s’intéressaient à d’autres choses et moi pas. Et, finalement, je me sentais très seul. Et, je me souviens que, pendant toute l’année de première, j’ai pleuré dans ma chambre tous les soirs.
A ce moment-là, une amie de lycée m’a invité à un pèlerinage pendant l’été, parce qu’elle que c’était pas bien de me laisser tout l’été tout seul. Alors, j’avais pas du tout envie d’y aller mais je me suis un peu senti obligé de dire oui parce que j’en ai parlé à mon médecin qui m’a dit : « Vas y ! » Après, je me suis dit : « Il va me demander comment c’était. Donc, maintenant, je suis obligé d’y aller. » Donc j’ai dit oui. C’était pour le mois d’août. Et, pendant le mois de juillet, juste avant, j’ai parlé intérieurement à Dieu. Je Lui ai dit : « Écoute, Dieu, je ne sais pas si Tu existes, mais, si Tu existes, fais quelque chose parce que, moi, j’en peux plus de cette vie-là. »
Et, deux semaines après, je suis arrivé dans ce pèlerinage auquel j’avais été invité. Le voyage s’est bien passé, mais, en arrivant, je me suis tout de suite dit que je m’étais trompé d’endroit parce que je voyais des gens qui priaient, qui chantaient… ils faisaient des trucs qui me paraissaient bizarre. Et, ce qui m’a le plus fait mal, c’est que, je me suis aperçu que les copains et copines du lycée qui étaient venus avec moi, en fait, ils vivaient dans des familles qui priaient à la maison : ça, ça me paraissait invraisemblable. Donc je me suis dit : « Je ne suis pas de ce milieu-là. J’ai rien à y faire. » Mais je ne pouvais plus repartir.
Donc, le lendemain matin, j’assistais à ce qui se passait dans ce pèlerinage et je me demandais comment est-ce que j’allais faire pour repartir. Il y avait la messe. Donc j’ai passé toute la messe sans rien écouter. Et je me suis dit : « Bon, maintenant, Olivier, tu as trois solutions :
- La première, tu prends le premier train et tu repars chez toi. J’ai dit non. J’ai jamais pris le train tout seul et ça me faisait trop peur. J’ai dit : « C’est pas possible.
- La deuxième c’est : tu vas faire du tourisme en ville. Il y a certainement des trucs à voir et tu attends que la semaine se passe.
- La troisième c’est : tu viens tous les jours, tu t’assois sur ta chaise et tu attends que ça se passe.
Et à ce moment-là, il y a comme une petite voix intérieure qui m’a dit : « Mais, il y a une quatrième solution. C’est : tu viens et tu t’intéresses à ce qui se dit. » Alors, j’ai trouvé ça bizarre parce que c’était pas du tout ce dont j’avais envie. J’étais en train de réfléchir à cela. Et, à ce moment-là, j’ai senti comme une présence, comme quelqu’un qui était là. Et puis d’un coup, j’ai perçu avec cette certitude que Dieu était là, devant moi. Alors que moi, je me tenais la tête, j’avais les yeux fermés, c’est comme s’Il était devant moi. Et de Lui, de son cœur, il y avait une grande lumière qui venait éclairer mon cœur : c’est comme si j’avais un cœur nouveau, changé complètement de l’intérieur, comme si ça me remplissait d’une lumière. Et Il me disait intérieurement : « Mais pourquoi tu es malheureux ? Pourquoi tu pleures ? Pourquoi tu es triste ? Parce que, quand tu es triste, moi, c’est un nouveau calvaire. Quand tu pleures, c’est comme si on me crucifiait une deuxième fois. Regarde, regarde plutôt vers Moi. Regarde comme je t’aime ! »
Et je me suis rendu compte, à ce moment-là, à quel point Dieu m’aimait : plus que tout ce que j’avais pu imaginer, plus que n’importe qui. Et j’ai senti qu’Il attendait une réponse. Alors j’ai dit intérieurement : « Écoute ! Vraiment, Seigneur, si Tu m’aimes comme ça, moi aussi, je veux t’aimer comme ça toute ma vie. » Et je me suis mis à prier, à chanter avec les gens. Mes copains qui étaient à côté se sont dit : « Qu’est-ce qui se passe ? » Ils ne m’ont plus du tout reconnu. Et je me suis dit : « La vie est belle ! » Je crois que c’est la première fois depuis un an que je me disais : « La vie est belle ! »
Et quand je suis rentré chez moi, pareil, les gens m’ont dit : « Mais il s’est passé quelque chose avec Olivier. C’est plus le même qu’avant. On nous l’a changé. » Même des amis qui sont allés le raconter à leurs parents en disant : « Mais il y a un truc de différent ! » Et c’est vrai : j’avais qu’une seule envie, c’est de parler de Dieu, c’est de dire « Dieu vous aime ! C’est trop dommage que vous ne le sachiez pas ! »
Et puis surtout, à partir de ce moment-là, j’ai plus eu peur de m’engager, de partir faire des études, d’être vraiment adulte.
Moi, encore aujourd’hui, c’est essentiel dans ma vie, je m’aperçois que j’ai besoin de cette amitié avec Dieu pour avancer dans la vie, parce que c’est ça qui me maintient, c’est ça qui me donne la joie, en fait. Et je me dis : « Sans ça, qu’est-ce que la vie serait triste ! » Là, aujourd’hui, je peux dire que je suis heureux.