Enfant, on m’a transmis une terrible image de Dieu : c’était un juge implacable qui édictait interdits et tabous. À l’adolescence, je me suis laissé happer par le hard rock. J’avais l’impression d’y trouver tout ce que je recherchais : la liberté et la joie. Le jour de mes 21 ans, j’ai fumé mon premier joint, et c’est ainsi que je suis entré dans le monde de la drogue. Très vite, je suis devenu accro. Je finissais mes soirées en montant l’escalier à quatre pattes et je rampais ensuite jusqu’à mon lit.
J’avais tout et pourtant je faisais l’expérience d’un énorme vide intérieur
À 25 ans, j’avais tout. Une amie, une maison, une entreprise, beaucoup d’argent, des motos, de nombreux amis. J’étais allé à des centaines de concerts… J’avais tout et je faisais pourtant l’expérience d’un énorme vide intérieur. Puis mon père est mort d’une crise cardiaque. J’ai plongé encore plus profondément dans la drogue. Je me suis séparé de ma copine. Nous étions bien ensemble, mais pas vraiment heureux. Désormais seul, ma descente aux enfers s’est poursuivie inexorablement. Jusqu’à la veille de Noël où, devant une crèche, j’ai dit à cet enfant : « Si tu pouvais venir naître dans mon cœur… » En apparence, rien ne s’est passé. C’est là pourtant que tout a commencé. Quatre mois plus tard, j’étais toujours au fond du trou, mais j’étais sorti de la drogue après une désintoxication musclée au cours de laquelle j’avais failli mourir.
« Si tu existes (certains disent que tu es vivant), viens maintenant ! »
Les mois ont passé. Mon père m’avait dit un jour : « Si tu cherches Dieu, fais un vrai carême et tu auras une surprise à Pâques. » J’ai suivi son conseil, à fond. Et le quarantième soir, dans mon lit, alors que j’avais des pensées suicidaires, j’ai tourné mon visage vers un crucifix. Et j’ai parlé au Christ. « Pourquoi es-tu mort ? Chez les chrétiens, on parle du salut, mais ça change quoi aujourd’hui pour moi ? Je n’ai plus de vie en moi ! » Je lui ai dit également : « Certains te disent : “Je t’aime”, moi, je ne peux pas le dire, et surtout pas à un crucifié ! » Et enfin : « Si tu existes, – certains disent que tu es vivant – viens maintenant ! » J’ai alors ressenti une présence très bienveillante. Dans le même temps, j’ai pris conscience du mal que j’avais fait. La peur m’a envahi, mais tout de suite, j’ai entendu au fond de mon cœur : « Stephan, je t’aime ! » Cela m’a « cassé », car j’étais un grand incrédule. Trois questions me sont venues : « Es-tu prêt à pardonner à tous ceux qui t’ont fait du mal ? » Et j’ai pardonné de tout mon cœur. « Es-tu prêt à te pardonner ? » Me pardonner quoi ? J’ai eu de nouveau connaissance de tout ce que j’avais fait, mais sans me sentir jugé un seul instant. Et je me suis vraiment pardonné. Enfin, cette question : « Stephan, est-ce que tu veux me pardonner ? » « Mais pour quoi, Seigneur ? » « Pour toute la souffrance que tu as eue dans ta vie et pour la liberté que je t’ai donnée. » « Oui, je te pardonne de tout mon cœur ! » Tout cela s’est passé en trois minutes.
J’ai vendu ma maison, j’ai laissé tous mes biens
Pendant les cinquante jours qui ont suivi Pâques, j’ai continué à jeûner et, alors que j’étais dans ma cuisine, j’ai compris que l’Esprit de Dieu, l’Esprit Saint, venait me visiter intérieurement. C’était doux et fort à la fois. Toutes mes peurs, tous mes doutes sont alors tombés. J’ai vendu ma maison, laissé tous mes biens. Je me suis senti alors très libre et très heureux. Dieu m’a fait découvrir une communauté nouvelle catholique. Là, j’ai rencontré celle qui est devenue mon épouse et nous sommes partis ensemble en mission. L’Église que j’ai rejetée violemment autrefois, je l’aime profondément. J’aime la grâce de vie qui coule en elle par les sacrements. Ils me donnent accès à la présence de Dieu, au royaume des cieux. Trouver Dieu dans ma vie, cela m’a rendu vraiment heureux !