Je m’appelle Hélène. Je viens d’une fratrie de six enfants. Je suis issue d’une famille extrêmement conflictuelle : mes parents entre eux et violents psychiquement et physiquement avec nous. Du coup, nous ne savions pas ce que ça voulait dire aimer : nous n’étions pas aimés, on ne nous le disait jamais. Par contre, nos parents ont été baptisés, croyaient en Dieu et nous obligeaient à prier autour de la table tous les jours. Et voilà : on entendait parler d’amour, sauf que ça n’avait pas de signification pour nous.
Je suis allée au catéchisme où on parle de Dieu, on apprend… Et là, j’ai rencontré une sœur dont les yeux reflétaient véritablement l’amour, l’amour de Dieu : moi qui avais tant besoin d’amour, c’est là que je l’ai trouvé.
A la suite de ça, est venu le pardon pour mes parents, naturellement, en même temps qu’une certaine bienveillance et une certaine compréhension, c’est-à-dire une compréhension de leur souffrance et pourquoi ils nous faisaient subir tout ce qu’ils nous faisaient subir. Ce qui a changé c’est que j’ai prié pour mes parents. Et je priais aussi pour une de mes sœurs, handicapée qui se faisait encore plus tabasser. Je ne savais pas trop comment, moi, me sortir de ça : c’était plutôt pour les autres que je priais. Mais mes relations avec les autres n’existaient pas : pour moi, il y avait le Ciel, la prière, et c’est tout, en fait., toute cette violence, qu’on était comme dans un bocal plein d’enfer. Et même moi, que ce soit moi ou mes frères et sœurs, on n’avait pas besoin de se parler : on vivait dans le même enfer. Et puis les autres, de toute façon, n’auraient pas compris puisque mes parents étaient parfaits à leurs yeux.
Et donc, je me suis repliée sur moi-même, mais complètement jusqu’à la limite, la pensée même de disparaître, en fait : je ne vivais vraiment que dans la prière. La prière était en quelque sorte, la main qui me tenait hors de l’eau pour survivre jusqu’à l’âge adulte.
Je quitte mes parents avec soulagement. Et puis je commence mes études d’infirmière où je suis complètement inhibée : je suis trop timide pour me lancer là-dedans. J’ai dû faire des choix de violence envers moi-même pour dépasser ça : tous les jours, je me mettais en prière dans la chapelle qui existait dans le cadre de cette école.
C’est là que, justement, j’ai vraiment reçu en priant, tout un amour, un amour qu’on ne peut pas expliquer vraiment par des mots, parce que c’est trop petit les mots. Mais tellement fort, tellement puissant qu’en fait, je n’ai plus été timide : j’avais envie de chanter à l’hôpital. Dans les couloirs de l’hôpital, on chantait et je n’avais plus peur. Ma peur a disparu. Ma timidité, ça revient de temps en temps quand même. En fait, j’ai toujours associé…je vais toujours demander à Dieu pour être présent pour que moi, je ne fasse pas d’erreur. Pour mon mariage, c’était pour les enfants, pour les problèmes de santé de nos enfants dont un a été atteint très gravement, il n’aurait pas dû survivre. Et il a 39 ans maintenant. Dans tous les évènements très importants de mon existence, Dieu, Il est là.
Quand on ne connaît pas Dieu, il faut faire le pari qu’Il est là, qu’Il existe, et il faut voir avec Lui, directement, se lancer dans une certaine confiance, un abandon. Vivre avec Dieu, ça rend heureux, ça rend libre, ça nous donne des forces dans les moments difficiles. Il est véritablement toujours là quand on a confiance et qu’on s’abandonne véritablement à Lui.