Les premières années de mon mariage nous menions une vie ordinaire avec mon mari. Il y a une quinzaine d’année, notre fille aînée Ségolène, est tombée gravement malade. Ségolène était à ce moment-là une jeune fille brillante, très gaie, rayonnante, elle avait une grande vie de foi, elle était très investie dans sa paroisse. Nous ne comprenons pas ses symptômes, ni ce qui lui arrive. S’en suivent une quinzaine d’années d’errance médicale, sans réel traitement.
Heureusement, il y a sept ans, un médecin exceptionnel pose un diagnostic : avec certitude pour lui Ségolène a été victime d’une forte intoxication médicamenteuse. A défaut de pouvoir la soigner pour le moment parce qu’il n’existe pas de traitement, il pallie régulièrement sa dénutrition, afin de la garder en vie. Pendant toutes ces premières années, je suis dans le combat. La vie de couple devient difficile parce qu’avec mon mari nous ne vivons pas les choses au même rythme et au même moment. Sur le plan de la foi, je ne comprends pas. Où est Dieu dans ce grand bouleversement dans ma vie ? Où est Dieu ? Je vois ma fille qui vit cette maladie avec une foi extraordinaire, lumineuse, elle m’édifie, elle édifie toutes les personnes qui la croisent. Mais Dieu semble indifférent et je suis complètement perdue.
“Je viens offrir ma souffrance et la souffrance de ma fille au Christ.”
Et puis, il y a quatre ans, je me rends à un pèlerinage de mères de famille. Au tout début, on demande à toutes les mamans qui sont réunies qu’elles sont les intentions de prière qu’elles portent dans cette journée. Et là, je ne sais pas pourquoi, au moment où je peux parler, je dis : “Je viens offrir ma souffrance et la souffrance de ma fille au Christ.” Et à ce moment-là, je me mets à pleurer, je sens que le fardeau que je portais sur mes épaules s’allège et je commence à percevoir le début d’un cheminement. Cette souffrance qui m’aveuglait, peut avoir un sens et elle a peut-être de la valeur pour Dieu.
“Dieu nous rejoint dans nos souffrances.”
Quelques temps après, je viens à une session à Paray-le-Monial et j’assiste à un très beau témoignage qui me touche profondément et qui m’amène à acheter un livre. Au fil de la lecture je tombe sur cette phrase : “Dieu nous rejoint dans nos souffrances.” Et là, c’est vraiment la phrase que j’attendais sans le savoir depuis des années. Ce Dieu qui semblait se cacher en fait était présent, c’était juste moi qui ne savait pas regarder, qui ne savait pas écouter, qui ne savait pas accueillir.
S’en suit une quête très forte de découvrir le sens de cette épreuve dans ma vie, j’ai un besoin très fort de comprendre et de connaitre ce Dieu qui semblait se cacher. Et je sens que petit à petit mon cœur s’ouvre à une paix beaucoup plus grande, beaucoup plus profonde, une paix durable et qui ne peut venir que de Dieu. Je me mets à comprendre qu’il connait nos souffrances, qu’il les vit avec nous, qu’il est notre Père bien aimé et qu’il nous donnera tout ce qu’il faut : sa grâce et sa force, à la mesure de notre faiblesse. Je comprends également que cette souffrance qui reste une souffrance, que cette épreuve, qui reste une épreuve difficile avec ses chagrins, avec ses inquiétudes, est un appel. Où suis-je attendue dans cette souffrance ? A moi de savoir discerner à quoi Dieu m’appelle, de reconnaître dans ma vie les signes de sa présence et de continuer ce combat en m’appuyant sur la prière et la louange.
“Je sais que Dieu est avec moi”
Ce qui a changé pour moi aujourd’hui c’est que je me sens dans la paix. Je sens que mon cœur est dans la paix, ce qui ne veut pas dire que ce n’est pas difficile, mais je sais que je ne suis pas seule je sais que Dieu est avec moi, qu’il m’accompagne, que je peux tout lui confier et qu’il veut le meilleur pour moi et qu’il veut le meilleur pour Ségolène.
Témoignage recueilli et réalisé en partenariat avec KTO