Nous nous étions mariés civilement seulement, car nous ne voulions pas d’une mascarade. Nous avions un grand respect pour les gens qui avaient une foi tellement “supérieure” à la nôtre. De même, nous n’avons pas fait baptiser nos trois enfants bébés. Nous étions soucieux de leur liberté et convaincus que c’était à eux de faire ce choix s’ils le voulaient lorsqu’ils seraient adultes.
Quelque temps après, notre fille aînée a également voulu être baptisée!
Depuis la petite enfance, notre fille Déborah avait un sens aigu du bien, qui ne venait pas seulement de notre éducation. Arrivée au seuil de la classe de seconde, elle nous a demandé à être scolarisée dans un lycée catholique. Mon mari étant lui-même enseignant dans l’enseignement public, cette démarche n’avait rien d’anodin au sein de notre famille. C’était même un peu révolutionnaire. Nous avons accepté et un jour, elle m’a dit qu’elle souhaitait suivre l’enseignement religieux pour se préparer au baptême. Nous n’avons mis aucun obstacle. Elle a été baptisée à l’âge de 17 ans. Ce fut une grande fête. Quelle émotion, pour nous, de la voir faire une telle démarche ! Et cela ne s’est pas arrêté là puisque quelque temps après, notre fille aînée, Stéphanie, a été baptisée à son tour dans le sillage de sa petite sœur. Puis elle s’est mariée à l’Église.
Déborah fréquentait de plus en plus le monastère…
Déborah aimait beaucoup aller en retraite chez les Petites sœurs de Bethléem dans un monastère situé non loin de chez nous. C’est un lieu d’une grande intensité. Nous l’y emmenions et nous venions la rechercher. Un peu plus tard, elle est partie en Israël. Elle voulait discerner sa vocation. Nous sommes allés la voir. Un jour elle m’a téléphoné pour me dire qu’au bout d’un an de discernement, elle avait décidé de devenir Petite sœur de Bethléem. Je pense que j’étais prête à accueillir la nouvelle. Je n’ai pas eu d’effort à faire. J’étais convaincue que c’était son chemin et que j’allais l’accompagner. Puis, j’ai été « missionnée » pour l’annoncer aux uns et aux autres. Tous n’étaient pas prêts au même degré. Cela a été une épreuve. Tout spécialement pour mon mari qui a réalisé brutalement que sa fille avait 21 ans, et qu’il allait « la perdre », en quelque sorte. C’était la grande inconnue et beaucoup de peurs envahissaient son cœur : quelle allait être sa vie maintenant ? Serait-elle heureuse ?
C’est à Cana que nous avons décidé de nous marier à l’Église
Nous nous sommes rendus sur place. Mon mari s’est mis au travail tout de suite car les travaux ne manquent pas et, par ce biais, il est entré en contact avec les sœurs. Très vite, il s’est apaisé et les sœurs sont devenues comme ses filles ! Simples et rayonnantes, elles transmettent beaucoup d’amour, de paix, de joie. Dans l’ambiance du monastère, nous avons pu approfondir notre connaissance du Christ. Le silence nous a peu à peu recentrés sur l’essentiel, loin du vacarme et des distractions du monde. C’est le lieu de la rencontre. À travers ce silence, mais aussi la liturgie, le travail, nos relations avec les sœurs, nous avons pu goûter de plus en plus à l’amour de Dieu.
Sur la suggestion de ma fille, j’ai organisé un pèlerinage en Terre Sainte. Quand nous sommes arrivés à Cana, le prêtre a proposé aux personnes mariées de renouveler leur engagement. C’est à ce moment-là qu’est née l’idée de nous marier à l’Église, ce que nous avons fait !Lorsque nous relisons toute notre histoire familiale, nous voyons que c’est comme si notre fille nous avait pris par la main pour nous guider vers le Christ. Et nous l’avons suivie.